Le Conseil européen s'ouvre ce jeudi 21 octobre dans une ambiance délétère alors que la Pologne multiplie les attaques contre les institutions européennes. Jusqu'à demain, les 27 dirigeants de l'UE auront à débattre notamment du prix de l'énergie et de la question migratoire.
Les prix de l'énergie au cœur des débats
La France n'est pas le seul pays touché par la hausse des prix de l'énergie. L'Europe tout entière est concernée. Le prix du gaz y a été multiplié par quatre en à peine 6 mois. La hausse est particulièrement spectaculaire dans certains pays comme l'Espagne où le prix de l'électricité a augmenté de plus de 35% en un an, ou en Italie où les tarifs du gaz ont bondi de 30%.
L'Espagne, soutenue par la France, appelle à des «mesures exceptionnelles» comme l'achat conjoint de gaz pour créer des réserves stratégiques ou la réforme du marché de l’électricité. La Commission européenne se montre plus prudente et estime que les Etats membres disposent déjà d’outils pour faire face à la crise énergétique. A Bruxelles, «les dirigeants évalueront les mesures qui pourraient être prises tant au niveau national qu'au niveau européen pour faire face à cette hausse des prix», a annoncé le Conseil européen dans un communiqué.
Inquiétude autour des flux migratoires
La question migratoire sera également discutée au cours de ce sommet. Si les arrivées irrégulières dans l'UE étaient en baisse en 2020 par rapport à 2019, le rythme s'est accéléré en 2021. «La route de la Méditerranée centrale (voyages depuis l'Afrique du Nord avec, souvent, un transit en Libye) a connu, avec 83%, la hausse la plus importante» parmi les différentes routes migratoires, indique le site dédié aux politiques publiques vie-publique.fr.
Le Conseil européen devra évaluer la mise en œuvre des conclusions adoptées en juin dernier. Les Etats membres avaient alors recommandé de «renforcer immédiatement les actions concrètes menées avec les pays d'origine et de transit prioritaires, ainsi que les mesures de soutien tangibles en leur faveur».
Le Conseil européen s'est également donné pour objectif de «présenter à l'automne 2021 des plans d'action (...) et des calendriers concrets» pour s'attaquer «aux causes profondes» des migrations, éradiquer «le trafic et la traite de migrants», renforcer «le contrôle aux frontières» ou encore mieux coopérer «en matière de recherche et de sauvetage» des migrants.
LA POLOGNE EN GUERRE JURIDIQUE CONTRE L'UE
Le cas polonais risque de parasiter une nouvelle fois les discussions entre les Vingt-Sept. La Commission européenne est en effet engagée depuis le début du mois dans un bras de fer avec la Pologne, après qu'un tribunal polonais a jugé certains articles des traités de l'UE «incompatibles» avec la Constitution du pays. La Commission et plusieurs Etats membres y voient une remise en cause sans précédent de la primauté du droit européen et de la compétence de la Cour de justice de l'UE, un des piliers fondateurs de l'UE.
Bruxelles a pour l'instant gelé 36 milliards d'euros promis à Varsovie dans le cadre du plan de relance européen et prévenu le gouvernement polonais qu'il devrait rétablir l'indépendance de la justice avant de pouvoir toucher ces fonds. La présidente de la Commission européenne, Ursula Von Der Leyen, a également évoqué la possibilité de déclencher une nouvelle procédure d'infraction, pouvant mener à une saisine de la Cour de justice de l'UE. De son côté, le chef du gouvernement conservateur polonais, Mateusz Morawiecki, a dénoncé un «chantage» et une «attitude paternaliste».