L'opposition de gauche emmenée par le travailliste Jonas Gahr Store a remporté lundi en Norvège des législatives dominées par le sort des activités pétrolières du pays, mettant fin à huit ans de règne de la droite.
«Nous avons attendu, nous avons espéré et nous avons travaillé si dur, et maintenant nous pouvons enfin le dire : nous l'avons fait !», a déclaré Jonas Gahr Støre, probable prochain Premier ministre.
Kampanjes valgkampjury har kåret Arbeiderpartiet til valgkampvinner! https://t.co/1MijKZGmm4
— Arbeiderpartiet (@Arbeiderpartiet) September 12, 2021
Les cinq partis d'opposition devraient décrocher 100 des 169 sièges que compte le Storting, le Parlement monocaméral norvégien, suffisamment pour déloger la coalition de droite de la conservatrice Erna Solberg, selon des projections.
Avec 89 mandats pour le moment, les travaillistes semblent même en passe de décrocher une majorité absolue avec leurs alliés de prédilection, le parti du Centre et la Gauche socialiste.
VERS UNE SORTIE PROGRESSIVE DE L'ÉCONOMIE PÉTROLIÈRE
Le trio pourrait ainsi se passer des deux autres forces d'opposition, les écologistes de MDG et les communistes de Rødt, avec lesquelles Støre s'est tout de même dit déterminé à discuter.
«La Norvège a envoyé un message clair : les élections montrent que le peuple norvégien souhaite une société plus équitable», a dit ce millionnaire de 61 ans qui a fait campagne contre les inégalités sociales.
MDG avait conditionné son soutien à l'arrêt immédiat de l'exploration pétrolière dans le pays, plus gros exportateur d'hydrocarbures d'Europe de l'Ouest, un ultimatum rejeté par Støre. Ce dernier préconise -comme ses adversaires conservateurs- une sortie douce et progressive de l'économie pétrolière.
L'«alerte rouge pour l'humanité» lancée début août par les experts de l'ONU sur le climat (Giec) a placé la question du réchauffement au cœur de la campagne électorale et forcé le royaume à une réflexion sur le sort des activités pétrolières qui l'ont rendu immensément riche.
1.166 milliards d'euros amassé grâce au pétrole
Le rapport a galvanisé ceux qui, à gauche et, dans une moindre mesure, à droite, veulent en finir avec le pétrole. Le secteur pétrolier représente 14% du Produit intérieur brut norvégien, plus de 40% des exportations et 160.000 emplois directs.
L'or noir a aussi permis au royaume de 5,4 millions d'habitants d'amasser le plus gros fonds souverain au monde avec près de 12.000 milliards de couronnes d'actifs (1.166 milliards d'euros).
Diplômé de Sciences Po Paris et ministre de Jens Stoltenberg entre 2005 et 2013, Støre va maintenant devoir se livrer à d'épineuses tractations avec, en premier lieu, le parti du Centre, qui défend principalement les intérêts du monde rural, et la Gauche socialiste, plus soucieuse des questions environnementales.
Ces alliés, qui ont déjà gouverné ensemble sous Stoltenberg, ont des positions souvent opposées, notamment sur l'urgence à sortir de l'âge pétrolier, et les centristes de Trygve Slagsvold Vedum ont dit pendant la campagne ne pas vouloir siéger avec la Gauche socialiste d'Audun Lysbakken.