Pour sa rentrée européenne, Emmanuel Macron a choisi l'Irlande. Le président de la République est en effet attendu à Dublin ce jeudi, où il s'entretiendra avec son homologue irlandais Michael Higgins, ainsi qu'avec le Premier ministre Micheál Martin. Derrière cette visite se cachent plusieurs enjeux.
Il s'agit d'une part pour le chef de l'Etat de respecter son engagement, émis après son élection en 2017, de visiter les 27 pays de l'Union européenne durant son quinquennat. Il ne s'était pas encore rendu en Irlande, ce sera donc chose faite aujourd'hui. Il ne lui manquera ensuite plus que trois pays pour tenir sa promesse, la Croatie, la Slovénie et la Hongrie.
Cocher l'Irlande dans son carnet de voyage n'est évidemment pas le seul objectif d'Emmanuel Macron. Le pays atlantique est aujourd'hui au centre de deux dossiers chauds, chers au président français.
En premier lieu, le Brexit, et plus particulièrement l'une de ses dispositions phares, appelé le protocole nord-irlandais. Destiné à éviter le rétablissement d'une frontière physique entre l'Irlande du Nord et l'Irlande, il a créé de fait une frontière douanière entre la province britannique et l'île de Grande-Bretagne. De quoi provoquer des problèmes d'approvisionnement et des tensions politiques en Irlande du Nord.
Face à cela, le Premier ministre britannique Boris Johnson exige une renégociation du protocole, que refuse l'Union européenne. La France est sur la même ligne, tout en se disant prête à «discuter» de «solutions concrètes» pour mieux le mettre en oeuvre, a précisé l'Elysée à l'Agence France-Presse (AFP).
Lors de leur déjeuner de travail, Emmanuel Macron et Micheál Martin devraient évoquer les actions à mettre en place si jamais Boris Johnson repoussait de nouveau unilatéralement les contrôles douaniers sur certains produits (notamment agroalimentaires) ou même suspendait l'application du protocole, selon le journal The Irish Times.
Convaincre l'Irlande sur la taxe mondiale sur les sociétés
Le déplacement du président de la République en Irlande vise par ailleurs à convaincre Dublin de soutenir le projet de taxe mondiale minimale sur les sociétés, d'au moins 15 %, approuvé par 131 pays début juillet, sous l'égide de l'OCDE (Organisation de développement et de coopération économique). Un dossier sur lequel la France est l'un des pays les plus en pointe. Mais neuf Etats sont réfractaires à cette réforme, dont l'Irlande, qui tient à son taux d'impôt attractif de 12,5 %.
«Nous venons à Dublin pour écouter et comprendre quelles difficultés empêchent l'Irlande d'adhérer», a expliqué un conseiller d'Emmanuel Macron au Irish Times, le président étant accompagné en Irlande des ministres Jean-Yves Le Drian (Affaires étrangères), Bruno Le Maire (Economie) et Clément Beaune (Affaires européennes).
Bien qu'il ne s'agisse pas d'un sujet spécifique à l'Irlande, Emmanuel Macron devrait également profiter de sa visite à Dublin pour y aborder la crise en Afghanistan, suscitée par la prise de pouvoir des talibans le 15 août dernier, et le débat sensible sur l'accueil des réfugiés qu'elle a engendré. «Une question qui se pose au niveau européen», a souligné l'Elysée à l'AFP.
Enfin, Paris et Dublin entendent approfondir leurs relations bilatérales via la signature d'un «plan d'action commun», comprenant notamment un accord sur la mobilité des enseignants, similaire au programme Erasmus pour les étudiants.