Alors que la liste des pays riches souhaitant mettre en place une campagne de rappel de vaccination contre le Covid-19 s'allonge de jour en jour, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a dénoncé mercredi ces projets, jugeant l'administration d'une troisième dose de vaccin pas nécessaire pour le moment.
«Nous pensons clairement que les données actuelles n'indiquent pas que les rappels sont nécessaires», a affirmé la scientifique en chef de l'OMS, Soumya Swaminathan, lors d'une conférence de presse. Il faut «attendre que la science nous dise quand les rappels sont nécessaires, quels groupes de personnes et quels vaccins ont besoin de rappels», a-t-elle expliqué.
Elle a également jugé que, d'un point de vue «moral et éthique», il n'était pas juste que les pays riches injectent la 3e dose de vaccin à leur population, «quand le reste du monde attend sa première injection». Laisser les pays pauvres sur le carreau présente également un risque épidémiologique, a-t-elle également souligné, puisque cela pourrait favoriser l'émergence de nouveaux variants.
Selon les chiffres de l'OMS, 75 % des vaccins ont été administrés dans dix pays. Dans les pays à faible revenu, seulement 1 % des habitants ont reçu au moins une dose, contre plus de la moitié des personnes dans les pays à haut revenu.
Les appels de l'OMS ignorés
Le directeur des urgences de l'OMS, Mike Ryan, a ainsi usé d'une métaphore pour décrire la situation actuelle. Injecter une 3e dose maintenant revient à «distribuer des gilets de sauvetage supplémentaires à des personnes qui en ont déjà un, pendant que nous laissons d'autres personnes se noyer sans le moindre gilet de sauvetage.»
Ce nouvel appel à la solidarité internationale survient quelques jours après la proposition de l'OMS de moratoire sur les troisièmes doses de vaccins anti-Covid, afin de laisser ces vaccins à disposition des pays pauvres. Mais l'agence onusienne n'a visiblement pas été entendue.
Peu après les nouvelles déclarations de l'OMS, les Etats-Unis ont en effet annoncé mercredi le lancement d'une campagne de rappel à partir de la fin septembre. Une campagne déjà lancée en Israël, mais aussi en Hongrie, en Turquie ou encore aux Emirats arabes unis. Plusieurs autres pays ont annoncé des projets similaires, notamment la France, l'Allemagne et le Royaume-Uni.