Bras croisés au dessus de la tête, visage impassible. L'Américaine Raven Saunders est devenue dimanche 1er août la première athlète à utiliser les Jeux Olympiques de Tokyo pour faire passer un message politique.
Raven Saunders, 25 ans, a formé un X avec ses bras alors qu'elle recevait la médaille d'argent du lancer de poids. Un geste qui représente selon elle «l'intersection où se rencontrent toutes les personnes opprimées».
«C'est important pour moi de ramener cette médaille d'argent, car je représente tant de gens différents, je sais qu'il y a beaucoup de gens qui me regardent», a-t-elle justifié en conférence de presse. Femme noire et ouvertement homosexuelle, Raven Saunders est très engagée pour les droits des personnes LGBTQ. Elle s'est aussi exprimée à plusieurs reprises sur les problèmes de santé mentale après avoir traversé une dépression.
«Je me sens heureuse, car je sais que je vais inspirer beaucoup de personnes», a lancé la vice-championne olympique. «Des petites filles, des petits garçons, des personnes LGBTQ, des personnes qui ont combattu la dépression... Beaucoup de gens qui ont un jour eu envie d'abandonner. Cette victoire n'est pas qu'à propos de moi.»
Saunders sanctionnée ?
Malgré ses paroles optimistes, Raven Saunders risque la sanction. Le Comité International Olympique (CIO) a une politique très précise en matière de messages politiques : les athlètes ont le droit d'exposer leurs avis sur les réseaux sociaux ou dans les médias, mais pas dans les cérémonies officielles de remise des médailles. Raven Saunders a donc enfreint la règle.
Le geste de celle qui s'auto-surnomme «Hulk», en raison de sa difficulté à contrôler sa force, est actuellement analysé par le CIO. Celui-ci n'a pas encore pris de décision. Il a assuré en conférence de presse qu'il «étudierait ce dossier» pour «comprendre précisément ce qu'il s'est passé».
Avant Raven Saunders, de nombreux athlètes ont utilisé les Jeux Olympiques comme tremplin politique. En 1968 par exemple, aux Jeux Olympiques de Mexico, les athlètes noirs américains Tommie Smith et John Carlos avaient levé le poing et baissé la tête pendant l'hymne, un geste associé aux Black Panthers. Ils souhaitaient ainsi protester contre la ségrégation raciale aux Etats-Unis.