La nicotine dans une cigarette électronique reste de la nicotine. C'est en substance ce que tient à rappeler l'Organisation mondiale de la santé (OMS), qui publie ce mardi 27 juillet un nouveau rapport dédié à la lutte contre le tabagisme. L'agence onusienne réclame une réglementation plus sévère pour encadrer l'utilisation de ces produits jugés dangereux pour la santé.
Le document, rédigé en association avec Bloomberg philantropies, signale notamment la palette grandissante des e-cigarettes, dont les fabricants ciblent principalement un public jeune. Proposant quelque 16.000 arômes souvent sucrés et régressifs, ils visent notamment les adolescents et profitent d'une image «rassurante» comparée à celle des cigarettes classiques.
The aerosols from e-cigarettes contain toxic substances that can cause
cancer
cardiovascular diseases
lung disorders
damage to children’s brain development#CommitToQuit e-cigarettes now for a healthier life!
Here's how https://t.co/7OReiIXXpd pic.twitter.com/MvwAZqB8oB— World Health Organization (WHO) (@WHO) July 27, 2021
Une stratégie qui relève de l'«acte criminel», estime Vinayak Prasad, le responsable de la campagne Pas de tabac à l'OMS. Notamment en sachant que la nicotine affecte le développement cérébral des moins de 20 ans. «Ils courent le risque d'être addict toute leur vie», alerte le docteur.
Pour Michael Bloomberg, fondateur de Bloomberg philantropies et ancien maire de New-York, il est évident que ces industriels cherchent «à rendre une nouvelle génération accro à la nicotine». «Alors que les ventes de cigarettes reculent, les entreprises du tabac ont agressivement promu de nouveaux produits comme les cigarettes électroniques ou les produits à base de tabac chauffé et ont démarché les gouvernements pour qu'ils limitent leur règlementation, accuse-t-il. Nous ne pouvons pas les laisser faire».
La vente interdite dans 32 pays
Tedros Adhanom Ghebreyesus, le patron de l'OMS, plaide donc pour que les gouvernements adoptent «des mesures adéquates pour protéger leur population du danger de ces inhalateurs électroniques de nicotine, et empêcher que les enfants, les adolescents et d'autres groupes vulnérables ne les utilisent». Il est notamment recommandé d'empêcher les non-fumeurs d'utiliser l'e-cigarette pour éviter de «renormaliser» l'acte de fumer en société.
Le document fait état de 32 pays dans lesquels la vente de ces inhalateurs de nicotine est proscrite. 79 autres ont adopté au moins une mesure pour en limiter l'usage, comme l'interdiction de la publicité, et 84 Etats n'ont aucun garde-fous en la matière.
Il faut dire que, dans ce domaine, la réglementation n'est pas aisée. Le docteur Rüdiger Krech, directeur pour la promotion de la santé à l'OMS, explique que «ces produits sont très divers et évoluent rapidement». De cette manière, les fabricants «subvertissent et minent les mesures de contrôle», assure-t-il.
Le combat est d'autant plus ardu qu'il doit être mené en parallèle de celui contre le tabagisme. La proportion de fumeurs a diminué dans de nombreux pays mais l'OMS insiste sur le fait que leur nombre reste «obstinément élevé», notamment en raison de la croissance de la population. A l'heure actuelle, cette addiction tue encore 8 millions de personnes par an, dont 1 million du tabagisme passif.