Au-delà des considérations sanitaires liées au Covid-19, la pandémie n'est pas sans conséquence en matière de santé mentale. Aux Etats-Unis, les chiffres montrent que les tentatives de suicide ont notamment augmenté de manière inquiétante chez les adolescentes.
C'est en tout cas ce qui se dégage du rapport publié vendredi 11 juin par les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC), qui constituent la principale agence fédérale américaine en matière de protection de la santé publique. Le document souligne notamment que le nombre hebdomadaire moyen de visites aux urgences pour des tentatives de suicide présumées chez des jeunes filles âgée de 12 à 17 ans était 50,6% plus élevé l'hiver dernier qu'en 2019 à la même période.
New @CDCMMWR: Emergency department visits for suspected #suicide attempts among US adolescent girls ages 12-17 rose 51% b/t Feb 21–Mar 20, 2021 during the #COVID19 pandemic, compared w/ the same time in 2019. More: https://t.co/OQ8wAQ8IwT. pic.twitter.com/zaS3UhQvpD
— CDC (@CDCgov) June 11, 2021
En étudiant ce taux sur l'ensemble de l'année 2020, on peut observer qu'il avait pourtant baissé pour les personnes âgées de 12 à 25 ans en mars et avril de l'année dernière. A savoir peu de temps après l'instauration des premières règles de confinement aux Etats-Unis.
L'augmentation de ces chiffres a commencé à partir de mai. A l'été 2020, sur une période d'un mois, le nombre hebdomadaire moyen de visites aux urgences pour suspicion de tentative de suicide chez les adolescentes de 12 à 17 ans était déjà 26,2% plus élevé qu'en 2019 à la même époque.
Du côté des garçons du même âge, la tendance est également à l'augmentation, mais dans des proportions bien moindres que chez les jeunes filles. En ce qui les concerne, le nombre hebdomadaire moyen de visites aux urgences pour le même motif a augmenté de 3,7% à l'hiver 2020 par rapport à 2019.
Une détresse «plus grave» qu'attendu
Interrogé par ABC News, le Dr. Neha Chaudhary, pédopsychiatre, estime que cet écart peut être dû au fait que «les femmes sont plus susceptibles de signaler l'automutilation ou les tentatives de suicide que les hommes». Le rapport du CDC souligne par ailleurs que les parents ont peut-être été davantage conscients du mal-être de leurs enfants en passant plus de temps avec eux lors des confinements. Leurs démarches pour trouver de l'aide expliqueraient ainsi l'augmentation des chiffres.
Quoi qu'il en soit, les CDC estiment que «les résultats de cette étude suggèrent une détresse plus grave chez les jeunes femmes que ce qui a été identifié dans les rapports précédents pendant la pandémie». Cela renforce, selon eux, «la nécessité d'une attention et d'une prévention accrues pour cette population».
Plus globalement, ce rapport identifie les jeunes comme des personnes «à haut risque» en la matière, soulignant le fait qu'ils ont été «particulièrement touchés» par les restrictions liées au coronavirus. Les CDC citent, pêle-mêle, la rupture scolaire, le manque de connexion sociale, l'augmentation de la consommation de substances et l'anxiété au sujet de l'avenir.
Fort heureusement, les chiffres concernant les décès par suicide ne semblent pas suivre la même courbe que celle des visites aux urgences. Selon le rapport c'est même l'inverse : les données provisoires révèlent plutôt une diminution globale du taux de suicide entre l'automne 2019 et l'automne 2020.