Les luttes contre les changements climatiques et pour la préservation de la biodiversité doivent être pensées ensemble, estiment une cinquantaine d'experts de l'ONU dans un rapport publié ce jeudi.
«Il ne faut pas, en souhaitant préserver le climat, nuire à la biodiversité», et vice-versa, alertent les scientifiques du GIEC et de l'IPBES, les deux groupes de l’Organisation des Nations unies sur le climat et sur la biodiversité. «Aucun des deux ne pourra être résolu avec succès si les deux ne sont pas abordés ensemble», préviennent-ils.
«Le changement climatique exacerbe les risques pour la biodiversité et les habitats naturels ou aménagés. Dans le même temps, les écosystèmes et leur biodiversité jouent un rôle clé dans les flux de gaz à effet de serre et dans les actions d'adaptation», indiquent les experts.
Ce rapport constitue la véritable première collaboration entre les deux groupes d’experts onusiens. À travers leurs recherches, ils ont constaté que les politiques environnementales abordent généralement le climat et la biodiversité de manière séparée, sans chercher à mettre en place des mesures qui prennent en compte ces deux volets en même temps.
Nouveaux engagements pour le climat lors de la cop26
«Le changement climatique causé par l'homme menace de plus en plus la nature et ses contributions aux populations. (…) Plus le monde se réchauffe, moins il y a de nourriture, d'eau potable et d'autres contributions essentielles que la nature peut apporter à nos vies, dans de nombreuses régions», déplore Hans-Otto Pörtner, co-président du comité scientifique à l’origine de ce rapport.
Les experts pointent donc du doigt certaines pratiques qui ont pour objectif d’atténuer les changements climatiques, mais qui peuvent être nuisibles à la biodiversité, notamment les politiques de reboisement avec des monocultures – où une seule espèce végétale est replantée – qui sont généralement plus fragiles, plus sujettes à la sécheresse, et sont donc préjudiciables à la biodiversité, expliquent les experts.
Ils soulignent également que le développement de certaines énergies renouvelables peut entraîner l'exploitation de minerais rares (comme c'est le cas pour les batteries de voitures électriques, ndlr), et peuvent ainsi causer des dommages environnementaux. D'où la nécessité d'évaluer les bénéfices et les risques de chaque politique sur le climat et sur la biodiversité.
Ce rapport est publié quelques mois avant la tenue de la très attendue Cop 26 à Glasgow, en novembre prochain, lors de laquelle les 195 pays signataires de l’Accord de Paris de 2015 devront présenter de nouveaux engagements dans la lutte contre les changements climatiques, et notamment pour la diminution des émissions de gaz à effet de serre.