Il aura tout tenté. En Israël, Benjamin Netanyahou semble avoir perdu la bataille pour conserver son poste de Premier ministre. Son ancien allié, le nationaliste religieux Naftali Bennett, pourrait prendre sa place dans les jours à venir après avoir réussi à trouver un accord avec une coalition de partis.
Un changement historique
Si l'accord annoncé par Naftali Bennett allait à son terme (ce qui n'est pas encore garanti), Israël se réveillera bientôt avec un autre Premier ministre que Benjamin Netanyahou pour la première fois depuis plus de 12 ans. Jamais un politicien n'était resté aussi longtemps d'affilée en place dans le pays moyen-oriental. Le leader du Likoud avait réussi à se maintenir grâce à une forte connaissance du système électoral israélien et au prix d'un virage vers la droite religieuse entamé il y a plusieurs années.
Depuis deux ans, sa tête était mise à prix par ses opposants, qui ont tout tenté pour le mettre dehors. Mais celui-ci était toujours parvenu à se sortir des situations les plus complexes, réussissant par exemple un tour de force en persuadant son plus grand rival Benny Gantz de rejoindre son gouvernement en 2020. Ces derniers jours, il a envoyé plusieurs appels du pied pour récidiver, en proposant notamment un poste de Premier ministre tournant à certains leaders, dont Naftali Bennett. Mais cette fois-ci, la solution n'a visiblement pas porté ses fruits.
La fin de la crise politique ?
Israël connaît l'une de ses plus longues crises politiques, et ce depuis 2019. En moins de deux ans, les citoyens ont été conviés à se rendre aux urnes à 4 reprises. Si jamais l'accord annoncé par Naftali Bennett n'était pas entériné avant ce mercredi 2 juin, une cinquième élection devrait être organisée. Car pour rappel, pour qu'un gouvernement soit formé, il faut que celui-ci obtienne la confiance d'une majorité de parlementaires à la Knesset (parlement israélien, ndlr). Seulement, obtenir une coalition de 61 députés sur les derniers scrutins s'est avéré être une mission quasi impossible ces dernières années.
Pour autant, il n'est pas du tout assuré qu'un gouvernement formé par l'ancien ministre de la Défense mette fin à cette instabilité. Premièrement, selon l'accord détaillé par des médias israéliens, Naftali Bennett ne serait Premier ministre que jusqu'en 2023, date à laquelle il échangerait sa place avec Yaïr Lapid, leader centriste et laïque.
De plus, Naftali Bennett ne compte que 7 députés à la Knesset, et l'alliance avec les autres partis peut sembler fragile. Aux côtés des députés nationalistes religieux, l'on pourrait retrouver notamment un mouvement diamétralement opposé : le parti islamiste Raam, qui possède 4 sièges. Il n'est donc pas impossible de voir cette coalition imploser après un temps donné. Benjamin Netanyahou a d'ailleurs largement critiqué l'accord, dénonçant une forme de cynisme politique, allant jusqu'à parler de «fraude du siècle».
Benjamin Netanyahou bientôt condamné ?
L'une des raisons qui motivait Benjamin Netanyahou à s'accrocher au poste de Premier ministre est son avenir judiciaire. Le politicien est en effet en procès pour corruption et fraude. Car s'il restait Premier ministre, il pourrait demander à la Knesset une immunité, lui évitant de facto toute condamnation.
Cette manœuvre n'avait pas fonctionné en janvier 2020, ce qui avait eu pour conséquence de confirmer son inculpation. Mais d'après certains médias israéliens, le politicien n'a pas encore dit son dernier mot sur ce sujet. En cas d'énième retournement de situation, il pourrait donc retenter d'obtenir cette immunité à l'avenir.
Quel avenir pour le conflit israélo-palestinien ?
Vers une poursuite du statu quo ? C'est une possibilité si Naftali Bennett et Yaïr Lapid venaient à se partager le pouvoir dans les prochaines années. Le premier a en effet pour ambition d'annexer une majorité de la Cisjordanie, expliquant qu'il n'y a jamais eu d'Etat palestinien. Yaïr Lapid n'est pas sur la même ligne que son comparse, puisqu'il a fait des déclarations en faveur de la solution à deux Etats. Dans ce contexte, les deux hommes pourraient s'entendre pour ne pas entamer de changement majeur sur la question pendant leur mandat.