Au Bangladesh, on le surnomme «Bagh Shikari», le chasseur de tigres. En cavale depuis vingt ans, Habib Talukder est devenu une sorte de légende dans le sud du pays. Soupçonné d'avoir tué quelque 70 tigres du Bengale, une espèce menacée, il a finalement été arrêté, samedi 29 mai.
Le chasseur évoluait dans les mangroves des Sunderbans, qui abritent l'une des plus grandes populations de ces redoutables félins. Selon le Dhaka Tribune, trois mandats d'arrêt avait déjà été émis à son encontre, mais le quinquagénaire parvenait toujours à échapper aux forces de l'ordre, en se réfugiant dans la forêt qu'il connaît comme personne.
Sharankhola police, acting on a tip-off, arrested Habib Talukder, 50, in the early hours of Saturday from Madhya Sonatola village, adjacent to the forest, under Southkhali union.https://t.co/wVc59Du48u
— Ds Sourav (@TheDsSourav) May 31, 2021
Mais cette fois-ci, les policiers bangladais sont parvenus à le trouver et à l'arrêter à la suite d'une dénonciation. L'occasion de se pencher minutieusement sur le parcours de cet homme, un ancien apiculteur reconverti dans le braconnage, bien plus lucratif.
Au marché noir, la peau, les os et même la chair de tigre du Bengale se vendent à prix d'or. Avec le temps, ce braconnier capable d'affronter les félins s'est construit une solide réputation. «Nous le respectons autant que nous avons peur de lui», résume Abdus Salam, un collecteur de miel local.
Selon l'officier de police Abdul Mannan, «Bagh Shikari» a poursuivi ses activités criminelles pendant toutes ces années, malgré plusieurs accusations à son actif et une interdiction de pénétrer dans les mangroves des Sunderbans. De «puissants gangs» auraient été impliqués dans le commerce du chasseur de tigres.
Le conservateur régional des forêts, Mainuddin Khan, a salué l'arrestation du braconnier qui représentait, selon lui, «une grande menace pour la biodiversité». En 2015, les autorités locales s'étaient inquiétées d'une diminution drastique de la population de tigres du Bengale, à 106 individus contre 440 en 2004. Depuis, la vive répression du braconnage et du banditisme dans cette région a permis d'inverser la tendance : 114 félins ont été dénombrés en 2019.