Une visite qui dépasse la symbolique. Ce jeudi 27 mai, Emmanuel Macron se rend au Rwanda pour rencontrer le président Paul Kagame, promouvoir des investissements français dans la région et s'exprimer sur le génocide de 1994.
Deux mois seulement après le rapport de la commission Duclert sur le rôle de la France dans les événements qui ont entraîné la mort de plus de 800.000 personnes, le chef de l'Etat se rendra au mémorial du génocide à Kigali. Un discours est d'ailleurs prévu, mais l'on ne sait pas encore la teneur exacte de celui-ci. Le but affiché par l'Elysée est néanmoins «d'ouvrir une nouvelle page».
Depuis l'arrivée au pouvoir d'Emmanuel Macron, Paris essaye en effet tant bien que mal de se rapprocher du Rwanda. Le 23 mai 2018, Paul Kagame était notamment venu en visite officielle à Paris après une série de gestes diplomatiques les mois précédents. Le rapprochement n'était pas évident, puisque Kigali continue d'accuser la France d'avoir été complice du génocide, et avait particulièrement mal pris la réouverture de l'enquête sur la mort de l'ancien président Juvénal Habyarimana par la justice hexagonale. Un ex-général de l'armée accusait Paul Kagame d'avoir fomenté l'attentat en 1994.
Mais ces tensions semblent s'être calmées, d'autant plus que le rapport de chercheurs français dénonce les «responsabilités lourdes et accablantes» de la France dans le génocide, ouvrant potentiellement la voie à des excuses officielles de la part de Paris. Reste à savoir si Emmanuel Macron décidera de franchir ce pas historique ce 27 mai, ce qui serait une véritable rupture avec ses prédécesseurs.
Croissance, pauvreté et droits humains
Mais la question du génocide n'est pas le seul objectif d'Emmanuel Macron. Le président français cherche en effet à s'implanter durablement dans ce pays réputé désormais stable et qui veut développer une économie plus florissante pour s'affranchir des aides internationales. Le taux de croissance annuel en 2019 montait à 9,4%, preuve des bons résultats économiques récents. Une dizaine d'entreprises françaises accompagne Emmanuel Macron pour profiter de cette tendance à l'avenir. Pour autant, malgré une diminution constante, le taux de pauvreté de la population rwandaise reste élevé, à savoir 55 % en 2017, soit avant la crise sanitaire.
Cependant, tout le monde au Rwanda n'est pas ravi de la visite. L'opposition à Paul Kagame a dénoncé mardi 25 mai le silence de l'Etat français quant à la situation des droits humains dans le pays. «Il est clair qu'Emmanuel Macron ne discute plus des sujets qui fâchent le Front patriotique rwandais, qui dirige le pays d'une main de fer», ont dénoncé Victoire Ingabire et Bernard Ntaganda, deux opposants. Mais au vu du caractère particulier de ce voyage, il n'est pas certain que ce point soit abordé lors de la rencontre entre les deux chefs d'Etat.