La France au chevet de l'Afrique. Emmanuel Macron réunit ce mardi à Paris une quinzaine de dirigeants africains, plusieurs dirigeants européens ainsi qu'une dizaine de représentants d'organisations internationales, pour un sommet sur la relance des économies africaines, fragilisées par la pandémie de coronavirus et prises au piège de la dette.
«Ce sommet vise à mettre en place un paquet de soutien massif à l'Afrique et à poser des bases pour un nouveau cycle de croissance sur le continent, qui sera aussi un relais pour une croissance pour l'économie mondiale», a expliqué l'Elysée lors de l'annonce de cette réunion internationale, dont l'idée a germé à l'automne dernier. Le Fonds monétaire international (FMI) avait alors évalué que l'Afrique pourrait être confrontée à un déficit de financement de l'ordre de 290 milliards de dollars (240 milliards d'euros) d'ici à 2023.
Un rapport de l'institution financière publié en avril avait été plus loin. D'ici à 2025, les besoins supplémentaires de financement extérieur des pays à faible revenu d’Afrique subsaharienne s'élèvent à 245 milliards de dollars (200 milliards d'euros), et à 425 milliards (350 milliards d'euros) pour l'ensemble de la région. Des fonds nécessaires pour «accroître les dépenses de lutte contre la pandémie et accélérer la convergence des revenus» avec les pays riches.
Si le continent ne déplore «que» 130.000 morts du coronavirus (moins de 4 % du bilan mondial, alors qu'il rassemble plus de 15 % de la population du globe), il a malgré tout connu un choc économique important, subissant sa première récession en un demi-siècle l'an passé (- 2,1 % de croissance). Et la reprise s'annonce plus lente que dans les économies avancées (+3,4 % en 2021 et +4 % en 2022), par manque de vaccins anti-Covid et de marges budgétaires pour déployer des méga-plans de relance, à l'image de ce qu'il se fait dans l'UE ou aux Etats-Unis.
Un «New Deal du financement de l'Afrique»
La faute en particulier à un endettement important des économies africaines depuis une dizaine d'années, avant même que la pandémie n'éclate. Aujourd'hui, selon le FMI, 17 pays d'Afrique subsaharienne, représentant environ un quart du PIB de la région, présentent un risque élevé de surendettement ou sont déjà en situation de surendettement. Et ce, malgré les efforts déjà entrepris l'an dernier par la communauté internationale, qui ont abouti en avril 2020 à un moratoire sur la dette des pays africains, puis en octobre à un accord sur la renégociation des dettes, incluant la Chine, plus gros bailleur du continent.
Mais ces mesures ne suffiront pas, a prévenu Emmanuel Macron. «Nous ne pouvons pas faire avec les recettes d'hier» alors que «nous sommes collectivement en train d'abandonner l'Afrique à des solutions qui datent des années 60», a estimé le chef d'Etat français fin avril, appelant à un «New Deal du financement de l'Afrique», basé notamment sur «des solutions profondément novatrices».
C'est tout l'objectif du «Sommet sur le financement des économies africaines» de ce mardi à Paris, qui se tiendra au Grand Palais Ephémère, sur le Champ-de-Mars. Devraient être abordées les propositions émises par 18 dirigeants africains et européens - dont Emmanuel Macron - dans une tribune publiée dans Jeune Afrique en avril 2020 : moratoire sur le service des dettes extérieures africaines jusqu'à la fin de la pandémie, sanctuarisation de l'aide au développement et attribution par le FMI de droits de tirage spéciaux (DTS) aux pays africains - des avoirs de réserve pouvant être échangés contre des liquidités. La question de l'investissement privé devrait également être sur la table.