Une réponse forte. Pour faire face au Vatican qui a récemment réaffirmé sa désapprobation, des prêtres catholiques ont béni, lundi dans toute l'Allemagne, le mariage de couples homosexuels.
Au total, 110 églises communales réparties dans tout le pays ont organisé des cérémonies de mariage ouvertes «à tous ceux qui s'aiment», homosexuels, lesbiennes ou hétérosexuels, se joignant à l'initiative «l'amour l'emporte» lancée par des prêtres, diacres et volontaires.
Si les accès étaient réglementés en raison des restrictions liées à la pandémie de coronavirus, la résonance a été «énorme», selon les organisateurs. De nombreux couples ont répondu à l'appel et l'initiative doit se poursuivre dans les jours à venir.
Wolfgang F. Rothe, un prêtre à Munich, a béni une trentaine de couples dès dimanche, sous protection policière après avoir reçu des courriels de menaces. «Je ressens le besoin de payer la dette de l'Église catholique envers les homosexuels qui ont été discriminés et exclus pendant des décennies», a confié l'ecclésiastique de 53 ans.
Une pétition signée par 2.600 prêtres
A la mi-mars, la Congrégation pour la doctrine de la foi du Vatican avait publié une note dans laquelle elle réaffirmait considérer l'homosexualité comme «un péché», et confirmait l'impossibilité pour les couples de même sexe de recevoir le sacrement du mariage.
Dans la foulée, 2.600 prêtres, ainsi que de nombreux théologiens et laïcs avaient signé une pétition contestant cette ligne, alors même que l'église catholique travaille à une réforme dans le cadre d'un synode axé sur les thèmes sensibles du célibat, des prêtres mariés, et d'une place plus grande réservée aux laïcs et aux femmes.
Ces prêtres avaient appelé à la «désobéissance» via les réseaux sociaux. Des drapeaux arc-en-ciel, utilisés par la communauté Lesbienne, Gay, Bisexuelle, Transgenre, Queer + (LGBTQ+) avaient également fleuri sur les frontons de nombreuses églises dans le pays, ainsi qu'en Autriche, pays de tradition catholique.
Une indispensable modernisation de l'Eglise ?
Au nom de l'assemblée, son président Georg Bätzing a globalement critiqué l'initiative des prêtres, jugeant qu'elle envoyait «un mauvais signal» dans le cadre des discussions de réforme en cours.
Le synode en Allemagne est vu depuis le début d'un œil très méfiant par le Vatican, et par les plus conservateurs des prélats, au premier rang desquels figure l'archevêque de Cologne Rainer Maria Woelki qui craignent qu'elle ne sépare l'Église d'Allemagne de l'ensemble de l'Église catholique
Certains jugent pourtant la modernisation de l'Église catholique indispensable alors qu'elle souffre d'une fuite de ses fidèles à cause des affaires de pédophilie et d'une pénurie de nouveaux prêtres.