Les violences n'ont pris personne par surprise. Depuis quelques semaines, les tensions montaient progressivement en Israël en prévision d'une décision de justice concernant l'éviction de familles palestiniennes dans un quartier de Jérusalem-Est. Ce 10 mai, la colère a finalement explosé, laissant entrevoir une escalade meurtrière pour les jours à venir.
La date en question n'est pas anodine. Alors que les Palestiniens montraient leur mécontentement et leur crainte des expulsions forcées, les Israéliens religieux célébraient la «réunification» de Jérusalem suite à la guerre des Six Jours en 1967 avec des défilés dans la ville. Malgré le report du verdict de la Cour suprême concernant les évictions, tout semblait donc prêt à exploser.
Comme beaucoup le craignaient, les tensions se sont transformées en heurts, faisant plusieurs centaines de blessés sur l'esplanade des Mosquées, lieu saint particulièrement sensible où des fidèles venaient prier en plein ramadan. Selon les autorités, 32 policiers ont également subi des blessures.
Dans le même temps, depuis la bande de Gaza, des jihadistes et le Hamas ont lancé plus de 200 roquettes en direction d'Israël, dont la quasi-totalité a été interceptée par le bouclier antimissile déployé dans le pays. Celles qui n'ont pas pu être stoppées ont fait des dégâts matériels et une trentaine de blessés en Israël, quand d'autres sont tombées directement dans l'enclave tenue par le mouvement islamiste. En représailles, des frappes ont été menées à Gaza, faisant 22 morts dont neuf enfants d'après le Hamas. Le Jihad islamique a annoncé que deux de ses commandants avaient trouvé la mort dans les répliques.
Vers une nouvelle guerre ?
Si les pays occidentaux ont appelé au calme et à la fin des violences, ni Israël ni les Palestiniens ne semblent vouloir reculer. Avançant son droit à la légitime défense, le gouvernement israélien a fait savoir qu'il «réagira avec force» en cas d'attaques. Le porte-parole de l'armée Jonathan Conricus a fait savoir ce 11 mai que les militaires étaient «dans la phase initiale» de la riposte. De son côté, le chef du Hamas a promis : «à la fin, les Palestiniens gagneront».
Le dialogue rompu n'est pas sans rappeler le début de la guerre de Gaza en 2014. À cette période, il avait fallu 50 jours et une médiation importante menée par l'Egypte pour obtenir un cessez-le-feu durable. L'ONU s'est d'ailleurs déclarée «profondément inquiète» de l'escalade des violences au Moyen-Orient. Reste à savoir si les affrontements se poursuivront dans les prochains jours, alors que les musulmans célèbrent l'Aïd el Fitr ce jeudi 13 mai, marquant la fin du ramadan.