La Roumanie pleure Arthur. Cet ours brun de 17 ans, le plus grand observé dans le pays «et sans doute au sein de l'Union européenne» a été abattu en mars, alors même que la chasse aux ours est interdite sur le sol roumain. Deux ONG accusent l'un des princes du Liechtenstein d'avoir tué l'animal.
Dans un communiqué publié mercredi 5 mai, l'association Agent Green et l'organisation de défense des animaux VGT affirment que le prince Emanuel, qui vit en Autriche, était autorisé à chasser l'ours grâce à une dérogation délivrée pour tuer une femelle soupçonnée d'avoir attaqué plusieurs fermes l'année dernière.
Gegen Emanuel von und zu Liechtenstein, Besitzer der bekannten Riegersburg in der Oststeiermark, richten sich schwere Vorwürfe: Der Prinz soll der Trophäe wegen in Rumänien einen der größten Braunbären Europas erlegt haben. https://t.co/xlHWaXwmZp
— Gabriel PAUN (@paun_gabriel) May 5, 2021
Sauf que, selon Gabriel Paun, membre d'Agent Green, l'animal tué au mois de mars était «un mâle qui vivait au coeur de la forêt et ne s'était jamais approché des habitations des alentours». Arthur, donc. Pour prouver ses dires, le militant dispose d'un document émanant d'une association locale de chasseurs. Au nom d'«Emanuel Prinz von und zu Liechtenstein», ce formulaire indique les mensurations de l'animal abattu qui atteignent le score de 593 points sur un maximum de 600. «Un record».
Pour Gabriel Paun, «il est évident que le prince n'est pas venu résoudre un problème affectant les villageois mais tuer un ours et emporter le plus grand trophée pour l'accrocher au mur». Le gouvernement roumain, de son côté, n'a pas communiqué l'identité du chasseur. Le ministre de l'Environnement, Tanczos Barna, a simplement confirmé auprès des médias locaux qu'un permis de chasse avait été délivré.
Il faut savoir que la Roumanie abrite la population d'ours bruns la plus importante d'Europe, avec quelque 6.000 individus. Or, ces dernières années, leur présence est jugée envahissante par une partie de la population. Leur chasse est toujours interdite, mais certaines voix, notamment parmi les élus, s'élèvent pour lever cette mesure. Une idée à laquelle les défenseurs de l'environnement s'opposent fermement, plaidant plutôt pour l'amélioration de la cohabitation entre l'homme et l'animal dans les zones rurales.
En l'occurence, une enquête a été ouverte puisqu'un ours mâle est mort alors que la dérogation autorisait l'abattage d'une femelle. Le responsable de la police de l'environnement, Octavian Bercean, suspecte un «braconnage». Mise en cause par les ONG, la maison princière du Liechtenstein n'a pas souhaité commenter «une question privée et personnelle dont elle ne connaît pas le contexte», soulignant par ailleurs son profond «respect de la nature».