Il dénonce «un processus beaucoup trop sélectif». Yohan Flaman, un immigrant français vivant au Québec depuis 2018, a fait parler de lui dernièrement outre-Atlantique. Il a rapporté avoir échoué au test de français obligatoire pour obtenir le statut de résident permanent dans la province canadienne.
Le Français de 39 ans, camionneur de longue distance depuis son arrivée au Québec grâce à un permis de travail temporaire, était pourtant arrivé confiant à l'examen. «Je m’étais dit que c’était dans la poche», a-t-il confié au quotidien montréalais Le Devoir.
Mais au moment de passer le test, qui a la réputation d'être difficile, celui-ci a vite déchanté. «Les consignes sont tellement longues et certaines questions sont tirées par les cheveux», a déploré le natif de Limoges (Haute-Vienne), qui a suivi une scolarité classique en France, avant de commencer à travailler à l'âge de 14 ans.
C'est en particulier la section de compréhension orale du français que Yohan Flaman a trouvée la plus ardue. Il s'agissait d'analyser des conversations. Si le Français n'a eu aucun mal à comprendre les discussions, ce sont les questions et le timing qui l'ont gêné. Il pointe des exemples peu clairs et le temps imparti très serré pour donner ses réponses (40 minutes pour 60 questions).
«Je n'arrive pas à comprendre comment un Mexicain, qui vient du Mexique et qui n'a jamais parlé français, pourrait réussir le test», a-t-il déclaré à la chaîne canadienne CTV News. «Sincèrement, on dirait que c'est un examen qui est fait pour être raté», a-t-il ajouté, interrogé par Le Devoir, notant qu'à son arrivée au Québec, il avait passé avec succès le test en français pour obtenir son permis de conduire.
Les autorités réagissent
S'il a finalement validé son test au deuxième essai en juillet dernier, Yohan Flaman ne décolère pas. Son échec initial a en effet ralenti le processus d'obtention de sa résidence permanente au Québec, où il est installé depuis trois ans avec son épouse québécoise. Selon Le Devoir, le délai pour l'acquérir oscille dans la province francophone entre 27 et 33 mois.
Mais le coup de gueule du chauffeur de camions français n'aura peut-être pas été vain. Son histoire, très médiatisée, est revenue aux oreilles du département de l'immigration québécois. Sa porte-parole a assuré à CTV News que le niveau requis de français allait dorénavant être adapté en fonction des métiers que les immigrants veulent exercer.
Le cas de Yohan Flaman rappelle celui d'Emilie Dubois, une Française qui s'était elle aussi vu refuser sa demande de résidence permanente au Québec en 2019, à cause d'un chapitre de sa thèse rédigé en anglais. Après l’intervention de personnalités politiques et la médiatisation de l’affaire, elle avait finalement pu recevoir le précieux sésame.