Des milliers d'animaux en danger de mort. L'obstruction du canal de Suez par un porte-conteneurs géant depuis mercredi bloque le passage pour plus de 300 navires. Parmi eux, au moins une vingtaine transportent du bétail. Une ONG s'inquiète pour la santé des milliers d'animaux vivants coincés sur ces cargos.
La majorité de ces animaux, des moutons pour la plupart, proviennent de Roumanie et d'Espagne, et sont expédiés vers le Moyen-Orient (l'Arabie saoudite et la Jordanie notamment), pour qu'ils soient abattus selon les rites musulmans. Ils sont transportés par au moins 20 bateaux selon l'organisation Animals International, dont onze partis de Roumanie, avec 130.000 ovins à bord.
Si leur santé n'est pour l'heure pas menacée, elle pourrait l'être rapidement si l'embouteillage créé par l'Ever Given, bloqué depuis mercredi en travers du canal, venait à se prolonger. «La situation est critique et risque de devenir une tragédie maritime sans précédent impliquant des animaux vivants», a prévenu le responsable en Europe d'Animals International, Gabriel Paun, dans un communiqué transmis à l'AFP.
En effet, les animaux pourraient rapidement manquer d'eau et de nourriture, car les bateaux transportant du bétail n'en emportent à bord que pour deux à trois jours supplémentaires, explique le président de l'Association des exportateurs de bétail américaine, Bob Bishop, à Bloomberg. Les cargos coincés dans le canal de Suez pourraient donc devoir faire une halte dans un port voisin pour faire le plein de fourrage.
Une «bombe à retardement biologique»
«Ma plus grande peur est que les animaux manquent de nourriture et d'eau et qu'ils restent coincés sur les navires parce qu'ils ne peuvent pas être déchargés ailleurs pour des raisons de paperasse», s'alarme auprès du Guardian Gerit Weidinger, coordinatrice européenne de l'ONG Animals International. Ces craintes font écho au tragique naufrage d'un navire en mer Noire en novembre 2019, peu après son départ de Roumanie. Sur les 14.600 moutons à bord, envoyés vers l'Arabie saoudite, seuls 180 avaient pu être sauvés.
Gerit Weidinger pointe également le risque de «bombe à retardement biologique» pour les animaux et l'équipage. «Etre coincés à bord signifie un risque [pour les animaux] de famine, de déshydratation, de blessures, d'accumulation de déchets, de sorte qu'ils ne puissent plus se coucher, et l'équipage ne peut pas se débarrasser des cadavres d'animaux dans le canal.» De nouvelles tentatives de déblocage de l'Ever Given sont prévues ce dimanche, qui pourraient être facilitées par une marée haute attendue ce dimanche soir.