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La semaine de Philippe Labro : Zeller, étoile d’Hollywood, Pesquet, star de l’espace

On peut, surtout, se féliciter qu’un Français, l’auteur et réalisateur Florian Zeller, soit «nominé» six fois. On peut, surtout, se féliciter qu’un Français, l’auteur et réalisateur Florian Zeller, soit «nominé» six fois. [Michael loccisano / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP]

Philippe Labro est écrivain, cinéaste et journaliste. Chaque vendredi, pour CNEWS, il commente ce qu'il a vu, vécu et observé pendant la semaine. Un bloc-notes subjectif et libre.

MERCREDI 17 MARS

Un an, jour pour jour, en France, après le début du premier méga-confinement. Ce fut un grand traumatisme, un grand changement dans nos mœurs et nos esprits. Lassitude, inquiétude et méfiance demeurent, malheureusement, des sentiments très répandus. Ce que l’on appelle «le moral» d’un pays est-il véritablement atteint ? Au bout d’un an de bonds et rebonds, d’allers et retours, de chiffres qui noircissent l’horizon, le nouveau printemps qui s’annonce sera-t-il un deuxième épisode aussi lourd que le premier ? Les heures qui viennent vont nous le dire. On se prend à rêver d’un jour où les JT du soir, les matinales des radios, les flots des chaînes d’information en continu et les unes de la presse écrite nous proposeront autre chose que du noir et du gris. Autre chose ? Quelques individus relèvent déjà le gant, et leurs exploits font du bien. J’en vois au moins deux, cette semaine.

Florian Zeller

Le 25 avril prochain va se dérouler, à Hollywood, la 93e cérémonie des Oscars. On peut aisément imaginer qu’elle aura une autre tenue que les catastrophiques César, en France. On peut, surtout, se féliciter qu’un Français, l’auteur et réalisateur Florian Zeller, soit «nominé» six fois. Jugez du peu : meilleur film, meilleur acteur, meilleur second rôle féminin, meilleur scénario, meilleur montage et meilleur décor. Quel tableau de chasse ! Quel hommage ! Zeller a donc adapté pour le cinéma l’une de ses meilleures pièces de théâtre, Le père – The Father –, avec Anthony Hopkins et Olivia Colman.

C’est son premier film. Il a tout juste 41 ans, son premier roman est paru lorsqu’il en avait 21, et son parcours d’écriture est jalonné de succès publics et de récompenses. Aujourd’hui, on le considère, avec Yasmina Reza, comme le dramaturge français le plus joué dans le monde. Avec son beau visage fin, sérieux, et néanmoins pénétré par une sorte de joie intérieure, Zeller possède une sensibilité, la technique dramatique, le sens du dialogue et des variations psychologiques, un goût pour le sourire et le pathos, une vision du temps et de ses ravages. Je souhaite ardemment qu’au moins une ou deux des six nominations soient concrétisées par l’Académie américaine du cinéma. Il faut signaler que ce film est une production franco-britannique. Deux des producteurs sont français : Jean-Louis Livi et Philippe Carcassonne. Belle aventure. Bel exemple.

Thomas Pesquet

Un autre Français. A 43 ans, il symbolise, lui aussi, selon moi, l’initiative et l’audace, et permet, là encore, de contrecarrer la tentation de l’autodénigrement, cette maladie nationale. Pesquet, l’astronaute qui avait embarqué, lors de sa première mission, Proxima, à bord du vaisseau russe Soyouz, de novembre 2016 à juin 2017 va, cette fois, pour sa deuxième mission, le 22 avril prochain, prendre les commandes provisoires de la Station spatiale internationale (ISS), en s’envolant depuis la Floride. Il ne sera pas le seul. Il y aura des Américains et un Japonais, et leur rôle sera plus important que celui de Pesquet dans l’exercice du commandement.

Il n’empêche : il sera là, Thomas, tout là-haut dans le ciel, avec sa fière allure, sa voix forte, sa facilité pour expliquer et décoder la sophistication de ce genre d’entreprise. Certes, le «moral» de la nation, emprisonnée par l’épidémie de Covid-19 et ses funestes conséquences, ne se relèvera pas d’un coup, simplement grâce à un Zeller ou un Pesquet, mais il n’est pas inutile de mettre de tels exemples en lumière. Il y en a certainement d’autres, dans toutes sortes de domaines. Les images que renvoient les médias ne peuvent se limiter à une ribambelle de vaccins en train de tourner sur des machines ou les couloirs d’un hôpital encombré de malades. Les deux rendez-vous d’avril (les Oscars pour Zeller, l’espace pour Pesquet) sont ceux de l’espoir.

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