Outre le dossier du coronavirus, la frontière avec le Mexique pourrait être la première grosse crise à gérer pour l'administration de Joe Biden. Le nombre de migrants demandeurs d'asile qui arrivent sur place est tel ces dernières semaines que les autorités s'attendent à être débordées.
La Maison Blanche a expliqué le 16 mars que le nombre d'arrivants dans le sud du pays cette année pourrait être le plus élevé en 20 ans.
Le président américain avait promis pendant sa campagne qu'il utiliserait une politique plus «humaine» que celle de son prédécesseur, qui avait décidé d'appliquer une «tolérance zéro». Seulement cet engagement pourrait bien ne pas faire long feu face à l'urgence et l'ampleur de la situation. Quelques semaines après son arrivée au pouvoir, des infrastructures pour détenir des mineurs qui passaient la frontière avaient été rouvertes, suscitant l'émoi d'une partie de la population et du camp démocrate. Joe Biden avait alors promis que tout cela n'était que temporaire, mais l'afflux massif de migrants ne semble pas pouvoir lui donner raison.
À titre d'exemple, au début du mois de mars, 1.200 migrants illégaux étaient arrêtés chaque jour dans la vallée du Rio Grande au Texas d'après le service de protection des frontières, un chiffre en nette augmentation par rapport aux derniers mois. Le secrétaire d'Etat à la Sécurité intérieure, Alejandro Mayorkas, a d'ailleurs demandé de la patience à ceux qui cherchent l'asile en terre américaine : «Nous ne vous disons pas de ne pas venir. Nous vous disons de ne pas venir pour l'instant». Un message répété par Joe Biden lors d'une interview sur ABC News. Pour le moment, la vaste majorité des migrants qui arrivent sur le territoire sont renvoyés au Mexique en raison des mesures liées à la pandémie de coronavirus prises pendant l'ère Trump.
Un «effet Joe Biden» ?
De nombreux républicains ont critiqué l'administration démocrate pour son manque de réponse face à la crise actuelle. «Cela n'avait pas à arriver. Cette crise est née des politiques présidentielles de cette nouvelle administration», a déclaré Kevin McCarthy, chef de la minorité conservatrice à la chambre des représentants, lors d'une visite à la frontière. Des démocrates commencent également à perdre patience, comme le modéré Henry Cuellar, représentant du Texas. Celui-ci demande à l'équipe de Joe Biden de «faire un meilleur travail d'écoute» vis-à-vis des élus qui ont déjà fait face à ces crises migratoires par le passé.
D'après certains observateurs, à commencer par le président mexicain Andrés Manuel Lopez Obrador, estiment en effet que le principal responsable de cette crise subite n'est autre que Joe Biden lui-même, en raison de ses promesses de campagne. «Ils le voient comme le président des migrants», a déclaré le chef d'Etat mexicain à des journalistes récemment. Sur ABC News, l'Américain a assuré que les demandeurs d'asiles ne venaient pas en ce moment parce qu'il était vu comme le «bon gars».
Toute la difficulté pour le démocrate est désormais de réussir à régler la crise migratoire, sans pour autant contredire ses promesses d'humanité dans la gestion de la frontière. Des premiers textes de loi sur le sujet pourraient être déposés dès cette semaine par la camp présidentiel au Congrès. Un premier test qui donnera une idée de la capacité de Joe Biden à s'atteler aux crises migratoires qui touchent les Etats-Unis depuis de nombreuses années.