Vers un conflit diplomatique sur la question ? Clément Beaune, secrétaire d'Etat français chargé des Affaires européennes, était en Pologne le 8 mars dernier. Venu rencontrer des militants, il n'a pas pu se rendre dans l'une des zones «libres d'idéologies LGBT» du pays.
Cette controverse n'est pas nouvelle à l'échelle du continent. En juillet 2020, l'Union européenne annonçait en effet mettre fin aux subventions de 6 villes qui avaient adopté ces zones au nom du non-respect des «droits fondamentaux». Ursula Von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a elle-même déclaré que cette politique n'avait «pas sa place dans notre union».
EU values and fundamental rights must be respected by Member States and state authorities.
This is why 6 town twinning applications invilving Polish authorities that adopted 'LGBTI free zones' or 'family rights' resolutions were rejected.#LGBTI #UnionOfEquality— Helena Dalli (@helenadalli) July 28, 2020
Ces zones sont disséminées dans plus de 80 communes polonaises. Si elles n'empêchent pas directement la présence d'habitants LGBT, elles ouvrent la porte à une série de discriminations importantes qui rendent difficile la vie des concernés. Les résolutions visent officiellement «l'idéologie» LGBT, et sont avant tout symboliques. C'est d'ailleurs la défense du parti nationaliste au pouvoir Droit et Justice, qui se défend de toute discrimination contre les personnes. Pour autant, les conséquences sont réelles.
«dialogue et pression»
Dans une note publiée le 3 décembre, le Conseil de l'Europe explique que les habitants et les institutions de ces zones sont de plus en plus «réticents à s'associer à toute activité liée aux droits humains des LGBTI par peur de représailles ou de pertes de fonds». L'UE s'est également inquiétée de la montée de l'homophobie et des crimes de haine dans le pays, motivée par l'installation de ces zones depuis 2019.
Clément Beaune, lui-même ouvertement homosexuel, a assuré qu'il retenterait sa chance pour visiter ces zones, qualifiées de «scandale absolu». Sur France Inter ce 11 mars, il a répété son engagement à s'y rendre «en poursuivant le dialogue et la pression». Une situation qui ne va pas arranger les tensions entre les deux pays, tendues depuis l'arrivée d'Andrzej Duda au pouvoir, notamment en raison des positions eurosceptiques de ce dernier.