Au Brésil, la situation sanitaire est critique. Le pays a enregistré 1910 décès en 24 heures mercredi 3 mars, un nouveau record. La tension hospitalière est extrêmement élevée, et la campagne vaccinale n'avance que très lentement.
«Ce pourrait être le pire mois de mars de l'histoire du Brésil, en termes de pertes de vies humaines, avec la possibilité d'un effondrement national de tout le système de santé brésilien», a alerté Miguel Nicolelis, neuroscientifique de la fondation Fiocruz, organisme qui dépend du ministère de la Santé, rapporte le média Globo.
La situation sanitaire se dégrade dans la majorité des États brésiliens. Sur les 26 États du pays, 16 présentent une forte augmentation du nombre de morts et de cas de contamination sur les sept derniers jours, et seulement deux présentent une amélioration, selon les données de ministère de la Santé. Globo indique également que dans 19 États, le taux d’occupation des lits en soins intensifs est supérieur à 80%. Une croissance de l’épidémie qui s’explique à la fois par la diffusion des variants du coronavirus, notamment du variant découvert en Amazonie, selon les scientifiques, mais qui s’apparente aussi au contrecoup des fêtes de fin d’année et du carnaval.
Selon Miguel Nicolelis, le Brésil doit alors «vacciner cinq à six fois plus de personnes par jour, pendant les 90, 120 jours à venir, pour avoir une chance de sortir de cette crise.» Des objectifs qui semblent difficiles à tenir, compte tenu du manque de doses des vaccins et du manque d’implication du gouvernement de Bolsonaro dans la lutte contre la pandémie.
Le gouvernement mis en cause
Le Brésil manque en effet cruellement de doses de vaccins. Depuis le début de la campagne vaccinal, en janvier, seuls sept millions de Brésiliens ont reçu une première dose du vaccin, sur les quelque 212 millions d’habitants du plus grand pays d’Amérique latine, faute d’un calendrier vaccinal et d’une stratégie clairement établis par le gouvernement.
Inquiets face à cette situation sanitaire, des actions contre le président Bolsonaro ont eu lieu mercredi dans plusieurs villes du Brésil, pour demander sa démission, rapporte G1. À São Paulo, Rio de Janeiro ou encore Recife, des centaines de Brésiliens ont tapé sur des casseroles, une pratique nommée «panelaço», et crié depuis leurs fenêtres «Fora Bolsonaro !» («Dégage Bolsonaro» en français), mécontents de sa gestion de la crise sanitaire, et selon les derniers sondages, la cote de popularité du président a baissé.
Les gouverneurs mobilisés
Des mesures sont donc plutôt prises au niveau local, au niveau des États ou des villes, pour tenter d’endiguer la propagation du coronavirus. La mairie de Rio a notamment annoncé ce jeudi des nouvelles restrictions, notamment la fermeture des boites de nuit, des marchés, et l’instauration d’un couvre-feu de 23h à 5h du matin, jusqu’au 11 mars au moins. À Bahia, un couvre-feu est aussi en vigueur de 20h à 5h du matin jusqu’au 1er avril. Les représentants des États aimeraient que des dispositions soient prises au niveau national, chose que le président Bolsonaro refuse toujours catégoriquement.
Il a même mis en garde les gouverneurs qui souhaiteraient imposer des restrictions qu’ils «devraient payer» sur leurs propres budgets les aides aux plus vulnérables. Les gouverneurs de plusieurs États ont d’ailleurs annoncé constituer un consortium pour acheter plus de doses de vaccin, rapporte Reuters. João Doria, gouverneur de l’État de São Paulo et principal adversaire politique de Jair Bolsonaro, a par ailleurs promis d’acheter 20 millions de doses du vaccin russe Spoutnik V, pour accélérer la campagne vaccinale.