En Afrique du Sud, le vaccin contre le Covid-19 développé par AstraZeneca/Oxford ne convainc pas totalement. Une étude réalisée par l'université du Witwatersrand, à Johannesburg, lui attribue seulement 10 à 22% d'efficacité contre les formes légères à modérées du variant sud-africain. Résultat : le pays a décidé de suspendre sa campagne de vaccination.
Cet essai, qui doit encore être examiné par des pairs, a été dirigé par Shabir Madhi, professeur en vaccinologie, et réalisé auprès de 2.000 volontaires âgés de 31 ans en moyenne. Puisque «la population ciblée était à faible risque», l'université du Witwatersrand juge que l'étude «ne permet pas de statuer» sur l'efficacité du vaccin contre les formes graves de la maladie.
ChAdOx1 nCov-19 provides minimal protection against mild-moderate COVID-19 infection from B.1.351 coronavirus variant in young South African adults. Efficacy against severe COVID-19 infection from this variant was not assessed. Full article: https://t.co/wqbjnI0Lx2 pic.twitter.com/tTo3bPHJek
— Wits University (@WitsUniversity) February 7, 2021
Interrogé par la BBC Radio 4, Shabir Madhi estime néanmoins qu'«on est loin de la barre des 60%» d'efficacité contre les formes légères à modérées du variant sud-africain. Il ajoute que «même avec une étude plus vaste», il est «peu probable» d'obtenir «un taux d'efficacité vaccinale de même 40 ou 50%».
L'étude conclut ainsi que le vaccin développé par AstraZeneca est «bien plus efficace contre la (souche) originale du coronavirus» et que «la mutation du virus détectée en Afrique du Sud peut se transmettre à la population déjà vaccinée».
Une autre version «en préparation»
AstraZeneca pense néanmoins que son vaccin «protégera quand même contre les formes graves de la maladie». Pour soutenir cette théorie, un porte-parole explique que «l'activité des anticorps neutralisant est semblable à celle d'autres vaccins contre le Covid-19 qui se sont montrés efficaces contre les formes graves, en particulier lorsque les doses sont espacées de 8 à 12 semaines».
Sarah Gilbert, qui dirige le développement du vaccin à l'université d'Oxford, affirme qu'une autre version du produit, «avec la séquence du variant sud-africain» est actuellement «en préparation».
Cette étude de l'université du Witwatersrand intervient alors même que l'Afrique du sud vient de recevoir sa première livraison d'un million de vaccins... tous conçus par AstraZeneca/Oxford.
Destinées en priorité aux soignants, ces doses, qui se périment en avril, seront conservées jusqu'à ce que les scientifiques donnent des indications claires sur leur utilisation. En attendant, Zweli Mkhize, le ministre sud-africain de la Santé, a indiqué que des vaccins Johnson&Johnson et Pfizer seraient livrés «dans les quatres prochaines semaines».