Une nouvelle comparution. Condamné à deux ans et demi de prison mardi pour avoir enfreint son contrôle judiciaire, l'opposant russe Alexeï Navalny sera de retour devant la justice ce vendredi 5 février, dans une affaire de «diffamation» envers un vétéran de la Seconde Guerre mondiale.
Le principal détracteur de Vladimir Poutine est accusé d'avoir «discrédité l'honneur et la dignité» de cet ancien combattant, après l'avoir décrit, en compagnie d'autres personnes, comme «la honte du pays» et de «traître», dans un tweet publié en juin dernier.
C'est une vidéo pro-Kremlin qui avait suscité l'ire de l'ancien avocat de 44 ans, dans laquelle le vétéran apportait son soutien au référendum constitutionnel de Vladimir Poutine permettant au président russe de se maintenir au pouvoir jusqu'en 2036. En Russie, les faits de diffamation sont passibles d'amendes pouvant aller jusqu'à 5 millions de roubles (56.000 euros) et cinq ans de prison. Des peines plus légères, comme des travaux d'intérêt général, peuvent aussi être prononcées.
Alexeï Navalny et ses soutiens dénoncent une accusation politique. Son procès était initialement prévu le 20 janvier, mais il a dû être repoussé en raison de la quarantaine à laquelle était soumis l'opposant russe à son retour d'Allemagne le 17 janvier.
Arrêté dès son retour en Russie
Il a été arrêté dès son arrivée sur le sol russe, cinq mois après son empoisonnement - dont il tient Vladimir Poutine pour responsable -, pour avoir violé les conditions d'une peine de prison avec sursis datant de 2014. Pour ces faits, le militant anti-corruption a été condamné à purger deux ans et huit mois de détention par un tribunal de Moscou mardi. Dès son arrestation, des manifestations pro-Navalny ont éclaté en Russie, violemment réprimées par la police, tandis que les pays occidentaux ne cessent de critiquer l'attitude du Kremlin vis-à-vis des protestataires et de l'opposant, dont ils réclament la libération.
Visé par plusieurs enquêtes, Alexeï Navalny dénonce un acharnement judiciaire. Outre les affaires de violation du contrôle judiciaire et de diffamation, il est accusé d'escroquerie pour avoir selon les autorités détourné des dons adressés à son organisation, le Fonds de lutte contre la corruption (FBK). Un crime passible de dix ans de prison.