L'unité voulue par Joe Biden déjà mise à mal. Les élus de la chambre des représentants américaine doit voter ce 4 février pour l'exclusion de l'élue républicaine Marjorie Taylor Greene des différentes commissions. Ses déclarations passées sur les réseaux sociaux lui sont reprochées.
Une complotiste au Congrès
En novembre 2020, au beau milieu d'une élection sous tension marquée par des retards de résultats et des accusations de fraudes de la part de Donald Trump, Marjorie Taylor Greene s'est retrouvée dans les médias du monde entier. Sa victoire lors du scrutin parlementaire en Géorgie était inédite. Pour la première fois, une personnalité soutenant ouvertement les théories complotistes du mouvement QAnon faisait son entrée au Congrès.
Cette femme d'affaires catholique de 46 ans avait utilisé les réseaux sociaux pour diffuser certaines des idées en question. En 2017, elle expliquait notamment que QAnon était «l'opportunité unique d'anéantir cette cabale mondiale de pédophiles qui vénèrent Satan», visant notamment les personnalités politiques démocrates. Dans l'imaginaire de ce mouvement, Hillary Clinton et son parti sont à la tête d'un vaste réseau pédocriminel. Celui-ci aurait été dirigé depuis une pizzeria fréquentée par l'ancienne Première dame. Un homme armé s'était même rendu sur place avec des armes à feu en 2016, espérant pouvoir libérer des enfants prétendument prisonniers.
Un soutien à des appels au meurtre
Mais si le Congrès veut éjecter Marjorie Taylor Greene des différentes commissions, ce n'est pas pour son rôle dans le mouvement QAnon. CNN a en effet remonté les réseaux sociaux de l'élue pour trouver des commentaires et des likes remontant à 2019 et 2018 dans lesquels elle appelle au meurtre d'élus démocrates.
«Une balle dans la tête serait plus rapide» répondait-elle par exemple en dessous d'une publication Facebook demandant le départ de Nancy Pelosi, présidente de la chambre des représentants. Elle a également aimé des publications appelant au meurtre d'agents du FBI car ils feraient partie de «l'Etat profond», une administration qui dirigerait le pays dans l'ombre et qui était, selon QAnon, contre Donald Trump.
Harcèlement d'un survivant d'une fusillade
Farouche soutien du second amendement de la Constitution, qui garantit le droit des Américains à porter une arme à feu, Marjorie Taylor Greene a également fait polémique concernant les nombreuses fusillades recensées aux Etats-Unis. Elle avait notamment déclaré que la tuerie de Las Vegas aurait été une opération montée de toute pièces pour encourager le vote de lois encadrant les ventes d'armes.
Plus récemment, une vidéo montrant l'élue harceler dans la rue un survivant d'une fusillade dans un lycée de Parkland en Floride a refait surface. Après l'avoir poursuivi dans la rue en lui posant une série de questions, sans obtenir de réponse, elle explique que le jeune homme est «un lâche» financé par George Soros. Ce dernier est un milliardaire qui se retrouve régulièrement au centre des théories du complot du mouvement QAnon.
Congresswoman Marjorie Taylor Greene harassing school shooting survivor David Hogg weeks after the Parkland shooting. pic.twitter.com/RBaDiVVwIr
— Dallas (@59dallas) January 27, 2021
Des excuses tardives
Alors que les appels à sa démission et son départ se sont succédés ces derniers jours, les républicains de la chambre des représentants ont refusé de sanctionner Marjorie Taylor Greene pour son comportement passé, expliquant que tout cela s'était produit avant son élection. Le 4 février, celle-ci a présenté ses excuses au parti selon plusieurs médias américains, revenant sur ses déclarations concernant les fusillades et prenant ses distances avec QAnon.
Aucune excuse publique n'a cependant été effectuée de la part de l'élue, assurant à plusieurs reprises sur ses réseaux sociaux que les démocrates voulaient «l'annuler», en faisant référence à la «cancel culture». Elle affirme d'ailleurs avoir récolté 170.000 dollars le 3 février pour la soutenir face au vote qui l'attend au Congrès. Les démocrates ayant une majorité au Congrès, il est cependant possible que ces efforts ne parviennent pas à lui garantir son maintien au sein des comités de la chambre.