Des citoyens à part ? En Israël, la communauté ultra-orthodoxe fait largement polémique, notamment en raison du mépris d'une grande partie de ses membres pour les mesures sanitaires en période de pandémie mondiale. Cependant, ce n'est pas la première fois que le comportement de ces religieux attire les critiques.
Des lois adaptées
La communauté ultra-orthodoxe israélienne, nommée haredim («ceux qui craignent Dieu»), place la religion juive au centre de sa vie. Les membres de celle-ci passent donc tout leur temps à étudier le judaïsme et les textes sacrés. L'on estime qu'ils représentent 12% de la population israélienne. Traditionnellement, les distractions dans la vie quotidienne ou encore internet sont proscrits par les règles de la communauté, même si une ouverture sur la question se forme depuis quelques années.
Face au mode de vie particulier des ultra-orthodoxes, un certain nombre de lois et de règles ont été adaptées, faisant d'eux des citoyens particuliers. Ils sont par exemple exemptés du service militaire, obligatoire pour le reste de la population. Celui-ci dure trois ans pour les hommes et deux ans pour les femmes. La Cour suprême du pays avait statué contre cette discrimination, mais aucune loi n'est pour le moment venue changer la situation. Les hommes ultra-orthodoxes reçoivent de plus une aide financière leur permettant de ne pas travailler. Celle-ci n'étant cependant pas toujours suffisante, certains trouvent un emploi malgré tout. Environ 52% d'entre eux travaillent, contre 87% chez les autres hommes israéliens.
De régulières affaires de violences contre les femmes
Les familles ultra-orthodoxes fonctionnent selon les traditions patriarcales. Les hommes sont en effet les chefs de famille et occupent les positions de pouvoir. Les femmes doivent cacher leurs cheveux avec des perruques ou des chapeaux, et ne portent que des tenues longues et austères pour respecter la loi religieuse.
Depuis plusieurs années, de nombreuses affaires sont venues secouer la communauté, avec la prise de parole de certaines victimes. Les accusations allant de violences domestiques à la mise en esclavage de 50 femmes par un rabbin en 2020.
Un poids politique important
Les ultra-orthodoxes n'ont pas qu'une importance religieuse en Israël. Ils sont également une puissance politique très importante dans un système qui privilégie les alliances entre partis pour former un gouvernement. Benjamin Netanyahou, leader du Likoud et Premier ministre depuis 2009, s'est notamment appuyé sur leur soutien pour rester en place après les nombreuses élections législatives qui ont eu lieu depuis 2019. Le parti Shas, principal parti ultra-orthodoxe, possède ainsi 9 sièges sur les 120 de la Knesset (Parlement israélien, ndlr).
Un profond rejet des mesures sanitaires
Mais l'union entre Benjamin Netanyahou et les haredim est mise à mal par la situation sanitaire du pays. En effet, les ultra-orthodoxes montrent leur forte opposition aux règles permettant de lutter contre l'épidémie. Ce 31 janvier, ils étaient plusieurs milliers à défiler dans les rues de Jérusalem lors de l'enterrement d'un rabbin. Quelques jours plus tôt, après des manifestations contre les lois liées au coronavirus, des émeutiers ont mis le feu à un bus conduit par un chauffeur arabe avant de frapper le conducteur.
La situation met à mal la stratégie vaccinale de Benjamin Netanyahou, qui voulait faire d'Israël la première nation à être débarrassée du virus. Fin 2020, les médias israéliens révélaient en effet que le taux de mortalité chez les haredim était plus de trois fois supérieur au reste de la population. À noter que ce n'est pas la première fois que les ultra-orthodoxes sont critiqués pour leur manière de gérer les maladies, puisqu'en 2018, Israël avait connu un retour de la rougeole, causé notamment par un mouvement anti-vaccins au sein de la communauté. Reste à savoir comment le gouvernement va gérer la situation à quelques semaines d'une nouvelle élection législative dans le pays.