Alors que l’État de l’Amazonas, où a été découvert un nouveau variant du coronavirus, se confine, la campagne de vaccination au Brésil n’est pas opérationnelle. De nombreuses voix s’élèvent contre le gouvernement de Jair Bolsonaro, dont la gestion de la pandémie est vivement critiquée.
La vaccination au Brésil a fait l’objet d’un conflit politique entre le président Jair Bolsonaro, au discours plutôt anti-vaccin, et son rival João Doria, gouverneur de l’État de São Paulo, qui n’a cessé de défendre le Coronavac, vaccin chinois fabriqué au Brésil par l’Institut Butantan.
Si Jair Bolsonaro a assuré à plusieurs reprises ne pas vouloir se faire vacciner, invoquant des effets secondaires délirants, comme transformer les gens en crocodile, l’Agence nationale de sécurité sanitaire du Brésil (l’Anvisa) a approuvé l’utilisation du Coronavac et du vaccin AstraZeneca sur son territoire, et donc lancé la campagne.
Le ministre de la Santé, Eduardo Pazuello, a d'ailleurs vivement critiqué le début de la vaccination lancé dans l’État de São Paulo juste après cette autorisation, sous l’impulsion de João Doria, et l’a jugée «en désaccord avec la loi», car en dehors du calendrier vaccinal décidé par le gouvernement fédéral.
Or, avec un gouvernement sceptique quant à la vaccination, la campagne connaît déjà ses premiers échecs, et les professionnels de santé signalent des retards d'approvisionnement des vaccins dans certaines régions, et parfois même des pénuries de seringues.
Les doses du vaccin AstraZeneca ont finalement été envoyées de l’Inde vers le Brésil le 22 janvier, à la suite de difficiles négociations entre les deux pays. Le Coronavac reste toutefois pour le moment le vaccin le plus répandu au Brésil, mais Jair Bolsonaro continue de remettre en doute son efficacité, notamment car il s’agit d’un vaccin développé par un laboratoire chinois.
Le variant d'Amazonie qui inquiète
Si l’organisation de la vaccination des quelque 200 millions de Brésiliens risque de prendre du temps, un autre point cristallise les inquiétudes des autorités et des professionnels de santé : la propagation d’un variant du coronavirus apparu dans l’État d’Amazonas, sur lequel s’étend une grande partie de la forêt amazonienne.
Plus contagieux, ce variant fait des ravages à Manaus, la capitale de l’État, qui n’a pas anticipé la deuxième vague de la pandémie. Face à l'afflux de patient, les hôpitaux et les particuliers manquent de réserves d'oxygène pour soigner les malades. Plus de 4.000 morts sont à déplorer dans la seule ville.
Pour faire face à ce nouveau variant, qui présente une mutation qui pourrait le rendre plus résistant aux vaccins, l’État d’Amazonas a décrété un confinement de sept jours à partir de ce lundi, et la fermeture de tous les commerces non-essentiels.
Bolsonaro vivement critiqué
Face à lenteur de la campagne, au scepticisme du gouvernement, et à la gestion hasardeuse de la pandémie, des milliers de Brésiliens sont descendus dans les rues ce samedi 23 janvier pour dénoncer les pénuries d'oxygène, réclamer l'accélération de la campagne vaccinale, mais surtout pour demander la destitution de Jair Bolsonaro. Ce dernier continue de plaider pour un allègement des mesures, pour préserver l'économie. «Le Brésil est en faillite. Je ne peux rien faire», a-t-il déclaré cette semaine, rejetant la faute sur «ce virus alimenté par la presse».
Selon un sondage publié par l’Institut Data Folha et publié dans le journal Folha de São Paulo ce samedi, 62% des Brésiliens estiment que l’épidémie est aujourd’hui «hors de contrôle» dans le pays. Par ailleurs, 79% des sondés affirment avoir l’intention de se faire vacciner, un chiffre en légère augmentation par rapport au mois de décembre (73%). Un chiffre qui diminue cependant : la cote de popularité de Jair Bolsonaro, qui passe de 37% en décembre à 31% aujourd'hui.