L'attaque la plus meurtrière depuis trois ans dans la capitale irakienne. Deux kamikazes se sont fait exploser ce jeudi matin sur un marché bondé du centre de Bagdad, faisant au moins 32 morts et 110 blessés.
Un premier homme a d'abord surgi sur ce marché de vêtements d'occasion en prétendant ne pas se sentir bien, provoquant un attroupement autour de lui. C'est là qu'il a déclenché sa ceinture explosive, a expliqué un porte-parole du ministère de l'Intérieur irakien. Alors que les passants accouraient pour venir en aide aux victimes, un second kamikaze à moto est arrivé et a fait détoner ses explosifs, a-t-il ajouté.
Les médecins craignent que le bilan humain de ce double attentat suicide, déjà lourd, ne s'aggrave. L'ensemble du personnel médical de la métropole de dix millions d'habitants a été placé en état d'alerte maximale.
La dernière attaque aussi meurtrière à Bagdad date de janvier 2018. Un attentat, avec exactement le même mode opératoire, sur la même place, avait fait 31 morts.
Ces dernières années, les attentats suicides dans la capitale irakienne, auparavant quasi quotidiens, se sont raréfiés. Un constat à mettre en lien avec la défaite militaire de Daesh en Irak, annoncée par le gouvernement irakien en décembre 2017, après des années de lutte internationale contre l'organisation jihadiste.
Une attaque à mettre sur le compte de Daesh ?
Si la double attaque de ce jeudi n'a pour l'instant pas été revendiquée, les autorités irakiennes soupçonnent Daesh d'en être responsable. En effet, malgré son revers militaire, le groupe islamiste dispose toujours de cellules dormantes dans les nombreuses zones montagneuses et désertiques d'Irak. De plus, le même mode opératoire a déjà été utilisé par le passé par Daesh.
Le président irakien Barham Saleh a fermement condamné l'attaque, qui intervient dans un contexte de discussions sur la tenue d'élections législatives, dénonçant sur Twitter des «tentatives malignes de faire trembler la stabilité du pays». La mission de l'ONU en Irak et l'ambassade des Etats-Unis lui ont emboîté le pas, tout comme le pape François, qui doit se rendre en Irak du 5 au 8 mars prochain. Le souverain pontife s'est dit «profondément attristé» par cet «acte de brutalité insensé» dans un télégramme envoyé au président irakien.