Lisa Montgomery, âgée de 52 ans, a été exécutée dans la nuit de mardi à mercredi aux Etats-Unis. C'est la première femme à connaître la peine capitale au niveau fédéral des Etats-Unis depuis près de 70 ans.
Un crime qui avait choqué
Les faits se sont déroulés en 2004. Lisa Montgomery se rend dans le Missouri pour rencontrer Bobby Jo Stinnett, une éleveuse de chien enceinte de 8 mois, sous couvert de lui acheter un animal. Mais sur place, elle attaque la jeune femme de 23 ans, et finit par la tuer en l'étranglant. Dès lors, elle ouvre le ventre de sa victime avec un couteau de cuisine pour en ressortir le bébé. Elle a ensuite tenté de faire comme si l'enfant était le sien d'après les enquêteurs.
Les policiers visent rapidement Lisa Montgomery comme une potentielle suspecte en raison de mails échangés avec Bobby Jo Stinnett retrouvés sur l'ordinateur de la victime. Lorsque les forces de l'ordre sont arrivés chez elle, dans le Kansas, elle portait le nouveau-né dans ses bras. Un test ADN prouvera que le bébé était celui de Bobby Jo Stinnett.
Une condamnation rarissime
Lisa Montgomery assurait par des intermédiaires qu'elle souhaitait plaider coupable et passer le reste de sa vie en prison. Mais sa défense avait préféré jouer la carte de sa santé mentale, et avait donc estimé qu'elle n'était pas responsable de ses actes en plaidant non coupable. Le tribunal n'avait pas été convaincu par les arguments, et elle avait été condamnée à mort en 2008.
La dernière femme à avoir reçu une telle peine au niveau fédéral aux Etats-Unis était Bonnie Brown Heady en 1953. Elle avait été condamnée pour le meurtre de Bobby Greenlease, un enfant de 6 ans, fils d'un millionnaire. Cet écart de date s'explique notamment par la fin de la peine de mort fédérale en 1972, relancée en 1988. Jusqu'en 2001, date à laquelle un moratoire est mis en place, trois peines de morts sont prononcées, mais aucune ne sera effectivement appliquée. Il a fallu attendre 2020 pour voir une nouvelle peine capitale au niveau fédérale, après la fin du moratoire prononcé par l'administration Trump. Depuis, 10 personnes ont été exécutées.
Une santé mentale qui interrogeait
Le 12 janvier, à quelques heures de l'exécution, un juge avait ordonné un sursis pour Lisa Montgomery. Depuis plusieurs semaines, des activistes et des proches de celle-ci faisaient pression pour faire annuler la peine de mort et obtenir une perpétuité à la place. Le principal argument était la santé mentale de la meurtrière, causée par des viols et des violences répétés pendant sa jeunesse.
Ainsi, alors qu'elle n'était encore qu'une enfant, elle a été violée par son beau-père et les amis de celui-ci à partir de ses 13 ans. D'après le New York Times, la mère de Lisa Montgomery forçait l'adolescente à se prostituer pour payer des factures. Des dizaines de témoignages de la famille ou de proche appuyaient ces allégations. D'après son avocate Kelley Henry, elle souffrait, avant son exécution, de troubles bipolaires, stress post-traumatique, traumatisme cérébral ou encore de troubles dissociatifs.
Convaincu, le juge à l'origine du sursis avait écrit : «Les informations présentées à la Cour contiennent de nombreuses preuves que l'état mental actuel de Mme Montgomery est si éloigné de la réalité qu'elle ne peut pas comprendre rationnellement le motif du gouvernement pour son exécution». L'objectif pour ses proches était de continuer à obtenir un sursis jusqu'au 20 janvier au moins, date d'investiture de Joe Biden opposé à la peine de mort. En vain.