En couverture du Time Magazine, elle pose fièrement, vêtue d'une blouse blanche et le cou alourdi de médailles. Présentée comme une «scientifique et inventrice», Gitanjali Rao est «l'enfant de l'année» selon le célèbre magazine. La première qu'il ait élue depuis sa création, en 1927.
Gitanjali Rao a été choisie parmi 5.000 candidats américains âgés de 8 à 16 ans. Originaire de Denver, cette adolescente âgée de 15 ans est distinguée par le Time pour ses nombreux travaux scientifiques.
Un intérêt pour les sciences dès l'âge de 5 ans
Si Gitanjali Rao affirme s'intéresser à tout, les sciences restent son domaine de prédilection. Lorsqu'on lui demande à quand remonte cette passion, l'adolescente se souvient de son cinquième anniversaire.
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— TIME (@TIME) December 4, 2020
Ce jour-là «mon oncle m'a offert un kit de chimie, raconte-t-elle. Je l'ai ouvert et j'ai tout fait en une seule journée». A partir de là, sa curiosité n'a fait que grandir, jusqu'à ce qu'elle commence à «réflechir à la manière d'utiliser la science et la technologie pour créer le changement social»... en classe de CP ou CE1. Ses parents, tous deux ingénieurs, l'ont toujours soutenue dans ses projets.
Lauréate du Young Scientist Challenge
A l'âge de 12 ans, Gitanjali Rao a conçu Tethys. Ce dispositif permet de détecter le niveau de plomb dans l'eau, plus rapidement et à moindre coût que les appareils déjà sur le marché. Elle se souvient avoir eu cette idée en prenant connaissance de l'histoire des habitants de Flint, dans le Michigan, dont l'eau a été contaminée au plomb entre avril 2014 et octobre 2015.
La population déplorait de nombreux empoisonnements et Gitanjali Rao jugeait «inacceptable de penser que des enfants de [son] âge buvaient ce poison tous les jours». Tethys lui a permis de remporter le Young Scientist Challenge en 2017. Elle destine notamment ce dispositif aux pays en développement, particulièrement concernés par les problèmes de santé publique liés à la qualité de l'eau.
Engagée contre le cyberharcèlement
«En tant qu'adolescente, je sais que les ados peuvent parfois avoir tendance à s'en prendre facilement aux autres», analyse la jeune scientifique. Partant de ce constat, elle a créé Kindly. A la fois application et extension Chrome, cet outil lutte contre le harcèlement en ligne grâce à l'intelligence artificielle.
«Vous tapez un mot ou une phrase et il est capable de détecter s'il s'agit de harcèlement. Cela vous donne la possibilité de le modifier ou de l'envoyer tel quel. Vous avez l'opportunité de repenser ce que vous allez dire pour que vous sachiez quoi faire à l'avenir».
Des travaux en cours sur la génétique
Elève du STEM School Highlands Ranch, Gitanjali Rao planche déjà sur de nouveaux projets. Très intéressée par la génétique, elle travaille notamment sur la conception d'un produit permettant de diagnostiquer la dépendance aux opioïdes à un stade précoce.
Consciente qu'il s'agit d'un véritable problème de santé publique aux Etats-Unis, l'adolescente cherche à «se rendre utile». «Notre génération fait face à tellement de nouveaux problèmes qui viennent s'additionner aux anciens... C'est à la nouvelle génération de s'en occuper. Donc si personne ne veut les résoudre, je le ferai».
2020 l'«aide à être une enfant»
A cause de la pandémie de coronavirus Gitanjali Rao est, comme tout le monde, moins libre de ses mouvements en 2020. Si cela l'oblige à remettre certains de ses projets à plus tard, la jeune fille y voit aussi l'opportunité de s'adonner à d'autres activités plus légères.
Confinée avec sa famille, elle explique s'être occupée grâce à la calligraphie et l'escrime. «J'ai aussi fait beaucoup de pâtisseries, sourit-elle. Et quand j'avais besoin d'air frais, je sortais faire un peu de vélo». Issue d'une «famille de voyageurs», Gitanjali Rao profite également du confinement pour imaginer ses prochaines escapades. Avec environ «14 pays» visités à son actif, elle rêverait de partir un jour à Madagascar.