«La petite dame au gros QI». Janet Yellen, 1m60, ancienne présidente de la banque centrale américaine, devrait devenir la première femme secrétaire au Trésor des Etats-Unis. Le président élu Joe Biden a confirmé lundi 30 novembre la nomination de cette économiste renommée et respectée à la tête de l'équivalent du ministère français des Finances.
Un poste à l'importance capitale en pleine crise économique due à la pandémie de coronavirus. Ce choix doit encore faire l'objet d'une validation par le Sénat, qui ne devrait être qu'une formalité.
Ancienne présidente de la banque centrale américaine
Avant de devenir sans doute la première femme à diriger le Trésor américain - en 231 ans d'existence -, Janet Yellen, 74 ans, était déjà entrée dans l'histoire en 2014, en étant la première femme à prendre la tête de la puissante banque centrale américaine, la Fed.
Un poste qui lui a valu d'apparaître en 2014 à la deuxième place du classement des «femmes les plus puissantes du monde» établi par la magazine économique américain Forbes, derrière la chancelière allemande Angela Merkel. La New-Yorkaise, native de Brooklyn, a ensuite été classée quatrième l'année suivante, puis troisième en 2016.
Malgré son bilan réussi à la tête de l'institution - un taux de chômage au plus bas depuis 50 ans aux Etats-Unis en 2018 sans hausse brutale de l'inflation -, Janet Yellen a été écartée de la présidence de la Fed par Donald Trump en 2018, après un seul mandat de quatre ans. En décidant de ne pas reconduire la démocrate, nommée par Barack Obama en 2014, et de mettre à sa place le républicain Jerome Powell, le locataire de la Maison Blanche avait mis fin à une vieille tradition voulant que les patrons de la Fed fassent au moins deux mandats.
Un CV fourni
Ancienne patronne de la Fed, Janet Yellen a également par le passé occupé un autre poste très prestigieux, celui de présidente du Conseil des conseillers économiques de la Maison Blanche, sous Bill Clinton, entre 1997 et 1999. Si sa nomination au Trésor était confirmée par le Sénat, elle deviendrait la première personne à avoir occupé successivement ces trois éminentes fonctions.
Diplômée des universités de Brown et de Yale, l'actuelle membre du groupe de réflexion Brookings Institution a également présidé l'antenne régionale de la Fed de San Francisco (2004-2010) et été numéro deux de la Fed (2010-2014) avant d'en devenir sa présidente. Elle a par ailleurs été professeure d'économie à l'Université de Californie, à Berkeley, pendant plus de vingt ans, entre 1985 et 2006.
Respectée par l'aile gauche des démocrates comme par les républicains
Dans une Amérique plus polarisée que jamais, Janet Yellen réussit l'exploit d'être respectée des démocrates, y compris de son aile la plus progressiste, comme des républicains. Cet atout devrait lui permettre d'être facilement confirmée par le Sénat et ne sera pas de trop au moment de négocier un nouveau plan de relance économique post-coronavirus, actuellement bloqué au Congrès.
Economiste keynésienne, partisane de l'intervention de l'Etat pour réguler l'économie, elle est appréciée de l'aile progressiste du parti démocrate notamment pour son soutien aux mesures de lutte contre le réchauffement climatique, comme la taxe carbone. Mais sa nomination est également vue d'un bon oeil par les républicains et les marchés financiers, qui mettent en avant sa longue expérience et son passage réussi à la Fed, une période marquée par la stabilité de l'économie américaine.
Mariée à un prix Nobel d'économie
Lorsque Janet Yellen rencontre George Akerlof en 1977, ils sont tous deux de simples chercheurs à la Fed. Ils se marient l'année suivante, et ont un fils, Robert, en 1981. Ces deux économistes mettent en commun leur recherches et écrivent de nombreux articles ensemble. En 2001, George Akerlof, représentant du «nouveau keynésianisme», obtient le prix Nobel d'économie, aux côtés de Michael Spence et Joseph Stiglitz.
Janet Yellen connaît bien ce dernier pour l'avoir eu comme professeur. «En 47 ans d'enseignement, Janet Yellen a été l'une de mes meilleures élèves», a même affirmé Joseph Stiglitz. Dans une note biographique publiée en 2001 à l'occasion de son prix Nobel, George Akerlof avait raconté que lui et son épouse étaient «en accord parfait sur la macroéconomie». «Notre seul désaccord est qu'elle soutient un peu plus le libre-échange que moi», avait-il précisé.