Cette espèce a dû faire des centaines de kilomètres à la nage pour atteindre le continent. Un groupe de paléontologues a découvert pour la première fois en Afrique des fossiles d’un dinosaure à bec de canard, baptisé Ajnabia odysseus.
Les restes de ce dinosaure herbivore appartenant à la sous-famille des Lambeosaurinae, une sous-famille caractérisée par des crêtes osseuses de diverses formes sur le sommet du crâne, ont été retrouvés dans les gisements de phosphate du Maroc, non loin de Casablanca, datant de la fin du Crétacé, il y a 66 millions d'années.
Après avoir évolué en Amérique du Nord, ces dinosaures s’étaient répandus vers l'Asie puis l'Europe. L'Afrique étant à l’époque un continent insulaire séparé des autres continents par de vastes océans, les paléontologues pensaient jusqu'à présent qu'ils n'avaient jamais pu y arriver. C’est pourquoi cette découverte est particulièrement surprenante.
Dotés de grandes queues et de pattes puissantes, les becs de canard, qui atteignaient 15 mètres de long, étaient probablement de bons nageurs. D'après les chercheurs du Centre de Recherche en Paléontologie, à Paris, de l’Université de Bath, du Pays Basque et de l’Université G. Washington, ils ont ainsi dû faire des centaines de kilomètres à la nage entre l’Europe et l’Afrique.
Au total, ils auraient parcouru près de 500 km. C'est la raison pour laquelle l'équipe a appelé ce dinosaure «Ajnabia odysseus», précise dans un communiqué le Museum National Histoire Naturelle : Ajnabi signifie «étranger» en arabe, et Odysseus (Ulysse en latin) en référence au héros de la mythologie grecque, qui a erré de longues années sur la mer.
«C’est la dernière chose au monde à laquelle on pouvait s'attendre, a déclaré le Dr Nicholas Longrich, de l'Université de Bath, qui a dirigé cette étude publié dans la revue Cretaceous Research. C’est complètement improbable, c'est comme trouver un kangourou en Ecosse.»