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Qui aurait gagné la présidentielle de 2017 avec le système américain ?

Qui serait le gagnant de 2017 ? Qui serait le gagnant de 2017 ? [PHILIPPE WOJAZER / POOL / AFP]

Un système qui peut paraître incompréhensible. Les Etats-Unis ont élu hier Joe Biden comme 46e président des Etats-Unis d'Amérique grâce à sa victoire dans l'Etat de Pennsylvanie. En France, le scrutin au suffrage direct est moins complexe. Mais que ce serait-il passé en 2017 si, dans un monde parallèle, l'Hexagone votait avec un système à l'américaine ?

Comment fonctionnent les grands électeurs aux Etats-Unis

Le collège électoral aux Etats-Unis répond à des règles précises. Il est composé de 538 grands électeurs. Chaque Etat du pays se voit attribuer un certain nombre d'entre eux en raison de leur démographie. En résumé, ils reçoivent tous deux grands électeurs pour chaque sénateur (il y en a deux par Etat, faisant un Sénat à 100 sièges), puis un grand électeur par représentant (équivalent des députés en France). 

La Chambre des représentants comporte 435 sièges aux Etats-Unis. Chaque Etat obtient au moins un représentant, les autres étant divisés à la proportionnelle en fonction de la population. La Californie, Etat le plus peuplé, en a donc 53, contre un seul pour le Wyoming. Enfin, Washington D.C. a obtenu le droit d'avoir 3 grands électeurs dans un objectif de représentativité, puisque la capitale n'est pas située dans un Etat. 435 représentants, 100 sénateurs et 3 pour Washington D.C. : cela donne 538 grands électeurs, le compte est bon. 

Pendant l'élection présidentielle, lorsqu'un candidat remporte la majorité des voix dans un Etat, il remporte tous les grands électeurs qui vont avec (à l'exception du Maine et du Nebraska où une dose de proportionnel est en place). À la fin de l'élection, on compte les grands électeurs cumulés, et le premier à 270 l'emporte. C'est ce qu'a accompli Joe Biden. 

Comment l'appliquer en France ? 

La France compte 577 sièges à l'Assemblée nationale. Pour les besoins de cette fiction politique, les 577 sièges ont été redistribués de manière proportionnelle dans les 18 régions françaises en fonction des chiffres de populations de 2017 fournis par l'INSEE. Mayotte a donc 2 députés, contre 106 pour l'Île-de-France. Le Sénat hexagonal ne fonctionne pas sur le même principe qu'aux Etats-Unis. Pour se rapprocher d'un système «à l'américaine», partons du principe qu'une nouvelle Constitution est rédigée, donnant 5 sénateurs par région (90 en tout), de manière à s'approcher des 100 sénateurs aux Etats-Unis. Cela donne au final 667 grands électeurs français (90 sénateurs + 577 députés). Il en faut 334 pour remporter la victoire. 

Qui aurait gagné en 2017 ? 

Au second tour de la présidentielle 2017, cette simulation n'a aucun intérêt. Emmanuel Macron est en effet arrivé en tête dans toutes les régions de manière plus ou moins large, lui donnant l'intégralité des 667 grands électeurs. En revanche, le premier tour est différent. 

En effet, si l'on fait les comptes, Emmanuel Macron remporte 6 régions (Auvergne-Rhônes-Alpes, Bretagne, Île-de-France, Nouvelle-Aquitaine, Pays de la Loire et la Guadeloupe). Marine Le Pen, elle, gagne dans 8 régions (Bourgogne-Franche-Comté, Centre-Val-de-Loire, Corse, Grand Est, Hauts-de-France, Normandie, Occitanie, Provence-Alpes-Côte d'Azur). Jean Luc Mélenchon gagne en Martinique, Guyane et la Réunion quand François Fillon remporte Mayotte. Si Marine Le Pen gagne le plus de régions, Emmanuel Macron est plus populaire dans celles avec le plus de votants, et notamment l'Île-de-France.

Ce qui donne un total de 332 grands électeurs pour le candidat d'En Marche, 310 pour celle du Rassemblement National. Jean-Luc Mélenchon et François Fillon obtiennent respectivement 28 et 7 grands électeurs pour leur performance en Outre-Mer. Le résultat aurait donc été le même en 2017 avec un système américain, mais avec un résultat serré si un seul tour était organisé, comme c'est le cas aux Etats-Unis. Dans ce contexte, il aurait donc fallu une seule région supplémentaire à Marine Le Pen pour gagner. En ciblant plus l'Auverge-Rhônes-Alpes dans sa campagne, où elle est derrière avec 158.000 voix environ, elle aurait pu l'emporter. 

À noter qu'en 2012, la victoire de François Hollande aurait été bien plus éclatante que celle d'Emmanuel Macron. Face à Nicolas Sarkozy, il remportait 412 grands électeurs contre seulement 255 pour le président sortant au premier tour. Le second tour ne faisant que confirmer cette tendance. 

Retrouvez toute l'actualité de la présidentielle américaine ICI

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