«Je vais rester au Parlement jour et nuit, sans manger», a décidé Pierre Larrouturou, eurodéputé français et rapporteur général du budget européen 2021. Avec cette grève de la faim, annoncée ce mercredi 28 octobre, il entend dénoncer certaines coupes dans le prochain budget de l'Union européenne, tout en réclamant une taxe sur la spéculation financière.
«Les gens n'en ont pas conscience, mais on va vers une situation où il n'y aura quasi plus d'argent pour le climat, la santé, rien de sérieux pour l'emploi, a-t-il déclaré lors d'un discours au Parlement. La seule solution, c'est d'augmenter les ressources propres de l'UE avec une vraie taxe sur les transactions financières, qui permettrait de rembourser le plan de relance, tout en finançant la santé et le climat.»
Pour mettre la pression sur A.Merkel & E.Macron, avec un maximum de citoyens, je commence une grève de la faim
Mon but n’est pas de mourir mais d’éviter des millions de morts : que l'Europe se donne les moyens d’agir pour la santé, le climat et l'emploihttps://t.co/xUmwe9UFv9 pic.twitter.com/OmFTcOEVId— Pierre Larrouturou (@larrouturou) October 28, 2020
Le membre du groupe Socialistes & Démocrates fait référence au plan de relance post-Covid de 750 milliards d'euros, approuvé en juillet par les dirigeants européens. Il est financé par l'emprunt et adossé à un budget européen de 1.074 milliards d'euros pour la période 2021-2027.
Les eurodéputés ne s'en satisfont pas et réclament 39 milliards d'euros supplémentaires, à alloués à différents programmes jugés insuffisamment pourvus, tels que l'éducation, la recherche, la santé ou le climat. Pour y parvenir, les élus européens ont suggéré de nouvelles sources de revenus lors d'un vote en commission à la mi-octobre. Parmi les propositions : une taxe sur les transactions financières (TTF) qui pourrait rapporter jusqu'à 57 milliards d'euros par an.
Une TTF a en réalité déjà été proposée par la France et l'Allemagne, mais elle repose sur une base restreinte par rapport à un précédent projet élaboré par la Commission en 2011, afin d'éviter une fuite massive des flux financiers en dehors de l'UE. De son côté l'Autriche défend au contraire la taxation de tous les instruments financiers, des actions aux obligations en passant par les produits dérivés.
«Si on ne taxe pas la spéculation, le Pacte vert européen est mort [...] les belles paroles sur la loi climat et la création d'emplois verts, tout cela restera lettre morte et nous conduit vers une planète morte», a continué Pierre Larrouturou. Demandant à Paris de «clarifier sa position» à ce sujet, l'eurodéputé a insisté : «On fonce vers le chaos social, climatique et sanitaire. Tout se joue dans les quinze prochains jours».