Tous les coups semblent permis dans le sprint final pour les élections présidentielles américaines, le 3 novembre prochain. Donald Trump et son entourage visent particulièrement le cadet de Joe Biden, Hunter.
«La famille Biden est une entreprise criminelle». Donald Trump, et son entourage, martèle sans ménage ce slogan pour décrédibiliser son rival démocrate dans la course à la Maison Blanche.
De quoi est-il question ?
Le turbulent cadet de Joe Biden a fait des affaires en Chine et en Ukraine, notamment quand son père était le numéro deux de Barack Obama entre 2009 et 2017. Donald Trump accuse ainsi Joe Biden d'avoir obtenu le limogeage d'un procureur ukrainien pour protéger une entreprise gazière, Burisma, de poursuites pour corruption, car son fils siégeait au conseil d'administration du groupe.
De son côté, le démocrate a assuré à plusieurs reprises ne pas avoir discuté avec son fils de ses activités en Ukraine. Quant au procureur limogé, Joe Biden a bien demandé son départ, mais le FMI et l'Union européenne aussi, en raison de ses piètres résultats contre la corruption.
En septembre, une enquête des sénateurs républicains a en outre rapporté que Joe Biden n'avait rien fait pour empêcher son fils de jouer de son nom, mais rien n'indiquait qu'il ait influencé la politique étrangère américaine pour aider son cadet.
Un ordinateur en réparation attribué à Hunter Biden
Mercredi, le journal conservateur New York Post a publié un article censé contenir la preuve d'une intervention de Joe Biden en faveur de son fils. Le tabloïd, qui possède le même propriétaire que Fox News, Rupert Murdoch, a affirmé s'être procuré une copie du disque dur d'un ordinateur qu'Hunter Biden aurait laissé dans un magasin de réparation du Delaware et n'aurait jamais récupéré. Le propriétaire des lieux aurait transmis l'ordinateur au FBI en décembre 2019 après avoir copié son contenu.
Des messages, photos personnelles et même une sextape d'Hunter Biden sont parvenus au journal par l'entremise de l'avocat personnel du président Trump, Rudy Giuliani. L'un des courriels récupérés, daté d'avril 2015, est attribué à Vadim Pojarskïi, un membre de la direction du groupe Burisma. «Cher Hunter, merci de votre invitation à Washington et de cette occasion de rencontrer votre père», peut-on lire dans ce message.
Un porte-parole de Joe Biden a immédiatement assuré que les archives de son programme officiel ne contenait aucune trace d'une rencontre avec M. Pojarskïi. Le candidat démocrate n'a pas voulu aller plus loin. «C'est juste une autre campagne de dénigrement», a-t-il justifié .
Une polémique autour des réseaux sociaux
Facebook et Twitter ont bloqué mercredi le partage des articles du New York Post, notamment parce que leur contenu avait été obtenu par un piratage. Accusé de «censure», le patron de Twitter, Jack Dorsey, a reconnu que la communication de sa plate-forme n'avait «pas été super». Malgré ce mea-culpa, il devrait être prochainement convoqué au Sénat pour une audition qui offrira une tribune aux alliés du président.
L'équipe de Joe Biden a laissé entendre qu'il pourrait s'agir d'une campagne de désinformation russe. Lundi matin, le directeur national du renseignement, John Ratcliffe, un proche du président, a rejeté ces accusations. «La communauté du renseignement n'y croit pas car rien n'étaye» une quelconque ingérence russe, a-t-il affirmé sur la chaîne Fox News.
Le rôle du FBI interroge
Des élus républicains réclament de savoir si le FBI disposait de l'ordinateur mentionné dans l'article au moment du procès en destitution du président. «A-t-on deux systèmes de justice, un pour les démocrates et un pour les républicains», a demandé le sénateur Ron Johnson, reprenant le crédo du président qui, depuis son élection, se dit victime de persécution politique.
la contre-attaque de joe Biden
Sur la scène de Nashville, jeudi soir, lors du second débat entre les deux candidats, Donald Trump a fait de multiples allusions à la provenance de la fortune de Joe Biden.
Tony Bobulinski, qui se présente comme un ancien associé d'Hunter Biden, a affirmé devant la presse que Joe Biden avait été associé à des projets de son fils en Chine. Cet ancien militaire de 48 ans, invité par Donald Trump à suivre le débat en personne, a assuré qu'il transmettrait vendredi une série d'éléments à charge à la police fédérale et à des sénateurs.
Sans attendre que le président en dise plus, Joe Biden a vigoureusement démenti toute malversation. «Mon fils n'a pas gagné d'argent avec ce truc... en Chine», a-t-il assuré, en renvoyant la balle vers l'ancien magnat de l'immobilier : «Le seul type qui ait gagné de l'argent en Chine c'est ce gars !». Quand il était vice-président, «son fils, ses frères se sont enrichis», a ajouté Donald Trump.
«Je n'ai jamais pris un centime d'aucune source étrangère de toute ma vie», a affirmé Joe Biden, avant, là encore, de contre-attaquer : «Vous n'avez pas publié une seule de vos déclarations fiscales. Que cachez-vous ?»