Comment mener à bien ses missions d’espionnage lorsque les déplacements sont limités, les populations confinées et les vols internationaux suspendus ? Le secteur du renseignement est, lui aussi, particulièrement touché par la crise du coronavirus.
C’est ce que souligne Charles Cumming, écrivain britannique de romans d’espionnage, dans les pages du Telegraph, reprises par Courrier international. «En terminant mon dernier roman, Box 88, (…) j’ai été fasciné de constater à quel point la pandémie avait affecté le monde du renseignement», raconte l’écrivain.
Avec les technologies actuelles (internet, smartphones etc.), il est possible d’être mis sur écoute à n’importe quel moment. D’où la nécessité pour les agents du renseignement de pouvoir continuer à rencontrer leurs interlocuteurs physiquement, à l’abri des regards. Or ce sont ces rencontres qui ont été mises en péril par la pandémie de Covid-19. «Pendant des années, les stades, les cinémas, les boîtes de nuit et les grands magasins ont fourni un cadre idéal pour les rencontres confidentielles. Or lors du confinement, les endroits de ce genre étaient fermés», explique le romancier.
Des agents bloqués en zone hostile
Les mesures sanitaires en vigueur sont aussi un frein à la transmission d’informations entre espions. Les quarantaines imposées aux voyageurs étrangers dans certains pays font perdre du temps précieux aux agents, qui peuvent rater leur rendez-vous avec des sources. Imaginez Malotru, le héros du Bureau des légendes, bloqué en zone hostile à cause de la suspension des vols internationaux, obligé de vivre sous couverture plus longtemps.
La distanciation physique rend aussi plus complexe des «contacts furtifs» entre deux individus pour se transmettre des informations, et les filatures, idéales dans des endroits bondés, sont beaucoup plus difficiles à mettre en place dans des rues désertes.
Selon un ancien agent du MI6, le service de renseignements extérieurs britannique, interrogé par Charles Cumming, ces restrictions ont fait «encore plus basculer le renseignement dans les techniques de surveillances et de l’analyse des données au détriment du renseignement humain», ce que l’écrivain appelle «l’espionnage à l’ancienne».
Cette surveillance virtuelle a cependant été efficace pendant le confinement. L’écrivain explique que les individus soupçonnés de terrorisme, confinés, ont considérablement réduit leurs communications, n’appelant plus que leurs interlocuteurs indispensables. La réduction des communications a donc permis aux services de renseignement britanniques d’avancer dans leurs enquêtes.