Le réchauffement climatique en cause. Plus de la moitié des coraux de la Grande Barrière, en Australie, ont péri ces 25 dernières années, selon une étude publiée ce mercredi 14 octobre dans le journal scientifique britannique Proceedings of the Royal Society.
Après avoir étudié l'évolution de la taille et de la santé des colonies coralliennes entre 1995 et 2017 sur l'immense récif du nord-est de l'Australie, inscrit en 1981 au patrimoine mondial de l'Unesco, les auteurs de l'étude ont découvert que le déclin concernait tous les types de coraux. Les espèces les plus grandes de corail, notamment celles en forme de table et celles à ramifications, ont été les plus affectées, au point pour certaines de disparaître de la partie la plus septentrionale de la Grande Barrière.
«Elles ont à 80 ou 90 % disparu par rapport à il y a 25 ans», a déclaré à l'AFP Terry Hughes, l'un des auteurs de l'étude, professeur à l'Université James Cook. Une perte immense selon lui, car ces coraux «offrent les coins et les recoins dans lesquels nombre de poissons et de créatures se réfugient». «Perdre ces énormes coraux tri-dimensionnels modifiera tout l'écosystème», prévient-il.
Dans leurs travaux, les scientifiques du Centre d'excellence pour les études sur les récifs coralliens de l'Australian Research Council (ARC) notent que les plus grandes détériorations de la Grande Barrière ont été provoquées par les deux derniers épisodes de blanchissement des coraux, en 2016 et 2017, les plus sévères jamais vus, conséquences du changement climatique.
Un nouvel épisode de blanchissement cette année
Le blanchissement est un phénomène de dépérissement des coraux, qui se traduit par une décoloration. Il est provoqué par la hausse de la température de l'eau, conduisant à l'expulsion des algues symbiotiques qui donnent au corail sa couleur et ses nutriments. Les récifs peuvent s'en remettre si l'eau refroidit, mais ils peuvent aussi mourir si le phénomène persiste.
Deux autres épisodes de blanchissement, de moindre importance, avaient été recensés en 1998 et 2002. Un cinquième a été observé en 2020, dont les dégâts n'ont pas été encore totalement évalués, mais ils pourraient être majeurs. En dehors du réchauffement climatique, la Barrière est aussi menacée par les ruissellements agricoles, par le développement économique et par l'acanthaster pourpre, une étoile de mer dévoreuse de coraux.
«Nous pensions que la Grande Barrière de Corail était protégée par sa taille, mais nos résultats montrent que même le récif le plus grand du monde (sa superficie s'étend sur 344.400 km2, NDLR) et relativement bien protégé est de plus en plus menacé et en déclin», a déclaré Terry Hughes, cité par la BBC. Ainsi, «il n'y a plus de temps à perdre», alertent les auteurs de l'étude dans leur document. «Nous devons réduire considérablement les émissions de gaz à effet de serre dès que possible», appellent-ils. Sinon, les coraux de la Grande Barrière continueront de mourir, et avec eux des pans entiers de la faune et de la flore. On estime en effet qu'entre un quart et un tiers de toutes les espèces marines de la planète dépendent des récifs coralliens à un moment donné de leur cycle de vie.