Les deux pouces en l'air, la tête haute, le visage non masqué. En arrivant à la Maison Blanche cinq jours après son test positif au Covid-19 ce 5 octobre, Donald Trump a de nouveau joué la carte de la force face à l'épidémie.
«Ne laissez pas votre vie être dominée par le Covid», a-t-il ainsi déclaré. Quelques heures plus tôt, il assurait même se sentir plus en forme que «20 ans auparavant». En encourageant les Américains à sortir et en minimisant l'impact de la maladie, Donald Trump poursuit une stratégie mise en place depuis le début de la crise. Seulement, il affirme être plus légitime que jamais pour s'en porter garant.
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) October 5, 2020
Son camp n'a d'ailleurs pas attendu que le président soit sorti de l'hôpital pour mettre cela en avant. Sa directrice de la communication Erin Perrine déclarait ainsi à Fox News dans le week-end : «Il a l'expérience de commandant en chef, il a l'expérience d'homme d'affaires et maintenant il a l'expérience personnelle de se battre contre le coronavirus. Ces expériences, Joe Biden ne les a pas».
Right now on @FoxNews they are attacking Biden for not getting COVID.
I'm not kidding. pic.twitter.com/98cUfeZgnw— Matt Rogers (@Politidope) October 5, 2020
«Au début de l'épidémie, il a commencé à minorer la maladie car cela jouait sur son argument de campagne principal : l'économie en forme et le taux de chômage au plus bas. Aujourd'hui, cela est tombé par terre, et il va jouer sa dernière carte, celle du survivant», assure William Genieys, directeur de recherche au CNRS et à Sciences Po, auteur du livre Gouverner à l'abri des regards, la réussite de l'Obamacare. Selon ce dernier, l'on peut donc s'attendre à voir le président enfreindre les règles de distanciation de manière à fidéliser ses supporters, et notamment les évangélistes.
«Il met en avant l'individualisme américain, dans lequel chacun fait ce qu'il veut, en faisant primer l'expérience sur la science», abonde Romain Huret, historien des Etats-Unis à l'EHESS. «Les scientifiques insistent depuis des mois sur la dangerosité de la maladie, il est la preuve que ce n'est pas forcément le cas», explique le spécialiste.
À noter que cette question intervient alors que le virus est toujours très présent dans le pays. Le nombre de cas sur les deux dernières semaines a augmenté de 6% selon les comptes du New York Times, et plusieurs Etats ont vu le bilan de morts augmenter sur la même période. Donald Trump avait expliqué à plusieurs reprises qu'un vaccin serait disponible avant la date de l'élection, à savoir le 3 novembre prochain, mais cela ne semble pas sur le point de se vérifier.
«De son point de vue, l'argumentaire est déjà trouvé. Il met la pression sur les grands groupes pharmaceutiques en disant qu'ils ne travaillent pas assez vite», analyse Romain Huret. De quoi laisser envisager un Donald Trump plus virulent que jamais sur le sujet dans les prochains jours, d'autant que le deuxième débat présidentiel avec Joe Biden doit avoir lieu le 15 octobre prochain. «Tout le monde s'est plaint de la qualité du premier débat, ce sera la même chose pour les suivants», promet William Genieys. Une nouvelle «démonstration de force» est donc à prévoir. Reste à savoir si cela saura convaincre les électeurs indécis dans les jours qui restent avant l'élection.