Au Japon, les autorités sont confrontées à un étrange phénomène. Des hommes et des femmes qui s'allongent à même la route pour trouver le sommeil. Une particularité loin d'être isolée, qui a déjà entraîné plusieurs accidents mortels.
Comme le relate la presse nippone, rien que durant l'année 2019, ce sont ainsi plus de 7.000 affaires de ce type qui ont été ouvertes dans la seule province d'Okinawa, située tout au sud du pays.
Des procédures enclenchées pour signaler des individus dormant sur la route, donc, et presque autant d'interventions pour les y déloger par la force publique.
Le quotidien japonais Mainichi explique qu'il existe même un mot pour caractériser cette étrange pratique : le «rojo-ne», qui signifie littéralement «dormir sur la route».
Okinawa police scramble to stop people from sleeping on road; over 7,000 cases in 2019 https://t.co/k0HOJBSfU8
— The Mainichi (Japan Daily News) (@themainichi) August 15, 2020
Si le journal précise que la plupart des gens qui s'adonnent au «rojo-ne» le font en état d'ébriété - et / ou sous l'empire d'autres substances plus ou moins licites - la raison pour laquelle ils le font - et l'engouement que cela suscite - sont, eux, en revanche bien plus obscurs.
Aucune raison précise à même d'expliquer le phénomène
D'aucuns supposent qu'il s'agit du climat chaud de la région qui pousse tous ces Japonais à trouver un peu de fraîcheur en collant leur corps contre le bitume. D'autres encore pensent que le caractère bienveillant des habitants d'Okinawa, réputés pour porter volontiers assistance à leur prochain, pourrait être aussi l'une des clés. Toujours est-il que, quelle que soit la raison, il est même arrivé que des hommes, mais aussi des femmes, se soient sentis assez à l'aise pour se déshabiller dans la rue et s'allonger alors qu'ils pensaient être rentrés chez eux.
Reste aussi que pour Tadataka Miyazawa, le chef de la police locale, une chose est absolument certaine, le «rojo-ne» est une pratique dangereuse et a déjà tué. L'année dernière, sur les 7.221 appels reçus pour «rojo-ne» par ses services, seize l'ont en effet été pour des accidents corporels et trois personnes ont perdu la vie écrasées par des voitures.
Et cette année, bien que les autorités aient demandé à la population de restreindre leurs déplacements à cause du coronavirus, on dénombrait déjà 2.702 appels d'urgence de ce type entre janvier et juin dernier, soit un nombre similaire à celui enregistré au cours de la même période l'an passé. Par chance, aucun décès n'est toutefois encore à déplorer.
Prévention et répréhension
Le commandant Tadataka Miyazawa ajoute qu'il ne sait pas si Okinawa est la seule région du Japon où des gens s'endorment sur la route. «Je sais en revanche que nous sommes les seuls à collecter des statistiques propres au rojo-ne», a-t-il expliqué à Mainichi.
En attendant, l'heure est à l'action et à la prévention. Un spot mettant en garde contre la pratique a ainsi été diffusé à la radio et des commissariats ont organisé des campagnes de sensibilisation sur le terrain, notamment via une exposition photo, sans grand résultat toutefois jusqu'à présent.
Dans ce contexte, la police entend être aussi particulièrement ferme à l'encontre des récidivistes. Dormir sur la route expose ainsi les contrevenants à une amende pouvant aller jusqu'à 50.000 yens (environ 400 euros) et des peines de prison sont également prévues dans les cas les plus graves.