Une découverte majeure. Des astronomes ont annoncé mercredi 12 août avoir débusqué un «bébé» galaxie extrêmement lointain, à 12 milliards d'années-lumière de la Terre, ressemblant étrangement à notre Voie lactée.
Concrètement, cela signifie que cette galaxie, répertoriée sous le matricule SPT0418-47, est si distante que sa lumière a mis plus de 12 milliards d'années à nous parvenir : nous l'apercevons telle qu'elle était lorsque l'Univers n'était âgé que de 1,4 milliard d'années, soit à peine 10 % de son âge actuel, précise un communiqué de l'Observatoire européen austral (ESO), qui a participé à cette découverte. A cette époque, les galaxies étaient encore en formation.
2/4 The galaxy, SPT0418-47, is gravitationally lensed by a nearby galaxy, appearing in the sky as a near-perfect ring of light.
Credit: ALMA (NRAO/ESO/NAOJ)/Luis Calçada ( @ESO )https://t.co/fyOhucxkm1— ESO (@ESO) August 12, 2020
Repéré par le puissant réseau de radio-télescopes ALMA, construit dans le nord du Chili, ce «bébé» galaxie est apparu aux astronomes sous la forme d'un anneau de lumière presque parfait sur fond noir. Mais celui-ci a été déformé par la technique utilisée par les chercheurs, dite de la lentille gravitationnelle. Ils ont donc reconstitué la véritable structure de SPT0418-47, à l'aide d'une nouvelle technique de modélisation informatique, montrant le résultat dans une courte vidéo.
«Sosie le plus distant de la Voie lactée»
Le caractère exceptionnel de cette découverte ne vient pas de la distance à laquelle ce «bébé» galaxie se trouve. Il vient de sa ressemblance avec notre Voie lactée : même forte densité d'étoiles autour du centre galactique (appelé bulbe) et même disque en rotation. Une surprise pour les astronomes qui ne pensaient pas que ce type de structure pouvait déjà s'être formé, il y a 12 milliards d'années-lumière. «C'est la toute première fois que la présence d'un bulbe est détectée dans un Univers si jeune, ce qui confère à SPT0418-47 le statut de sosie le plus distant de la Voie lactée», s'enthousiasme l'ESO, qui précise tout de même s'attendre à ce qu'elle évolue différemment de notre galaxie.
Autre surprise de taille : pas de trace de turbulence ou d'instabilité au sein de la galaxie, qui semble même étonnamment calme, «laissant penser que l'Univers jeune était peut-être moins chaotique que l'on ne le pensait même peu de temps après le Big Bang». «Ce que nous avons découvert est assez déroutant : bien qu'elle forme des étoiles à un rythme élevé et qu'elle soit le siège de processus hautement énergétiques, SPT0418-47 est le disque galactique le mieux ordonné observé à ce jour dans l'Univers jeune», précise Simona Vegetti, de l'Institut Max-Planck d'astrophysique, situé en Allemagne, co-auteure de l'étude parue mercredi dans Nature. «Cette découverte inattendue remet en question notre compréhension de la façon dont les galaxies se forment, donnant un nouvel aperçu du passé de notre Univers», conclut l'ESO.