C'est l'un des effets encore méconnus de la déforestation. Le président de l'Association brésilienne des sciences (ABC), Luiz Davidovich, alerte sur le risque d'apparition de nouveaux virus, en cas de poursuite de la destruction de la forêt amazonienne.
La déforestation de l'Amazonie pourrait libérer «des dizaines de virus qui peuvent déclencher une nouvelle pandémie en milieu urbain», avertit le professeur de physique à l'Université fédérale de Rio de Janeiro dans Les Echos. «On sait déjà, grâce aux travaux de scientifiques en Amazonie, que près de 500 types de virus y ont été identifiés. Certains d'entre eux pourraient "attaquer" les êtres humains, même si l'on ne sait même pas encore comment.»
Comme l'expliquait déjà l'ONG de protection de l'environnement WWF dans une étude sur le sujet parue en mars dernier, «la destruction et la dégradation des forêts exposent l'homme à de nouvelles formes de contact avec les microbes et les espèces sauvages qui les abritent», pouvant provoquer l'apparition de zoonoses, des maladies infectieuses transmisibles des animaux aux humains.
De multiples facteurs de risque
Interrogé par Les Echos, le climatologue et spécialiste de l'Amazonie Carlos Nobre confirme l'existence d'un risque de nouvelle pandémie due à la déforestation, particulièrement prégnant dans la forêt amazonienne. «Tous les facteurs sont déjà présents : une quantité gigantesque de micro-organismes qui pourraient, si on les dérange, se transformer en agents pathogènes, une présence humaine perturbatrice d'exploitants forestiers, de gens qui coupent les arbres, qui déclenchent des incendies et qui stressent beaucoup d'animaux, des orpailleurs...», pointe-t-il. «Ces gens-là pourraient ramener un de ces pathogènes en milieu urbain et accélérer la transmission (de virus).»
Après un premier semestre marqué par une déforestation record de l'Amazonie brésilienne, qui représente 60 % de la forêt (+25 % par rapport à la même période l'an dernier), le vice-président brésilien Hamilton Mourao a récemment promis que son gouvernement, dirigé par le chef d'Etat climatosceptique Jair Bolsonaro, allait «tenter de réduire au minimum acceptable la déforestation et les incendies», après des pressions économiques formulées par plusieurs fonds d'investissement. Une bonne nouvelle pour le climat, mais donc aussi pour la sécurité sanitaire mondiale.