Le bruit sismique est constitué de l'ensemble des vibrations qui traversent le sol en permanence. Or, pendant le confinement, la part du phénomène liée à l'activité humaine a été réduite dans des proportions jamais observées. Selon une étude internationale, une diminution de 50 à 80% a été enregistrée à travers le monde.
Publiée dans la revue Science, le 23 juillet, cette enquête coordonnée par l'Observatoire Royal de Belgique a mobilisé 76 sismologues de 27 pays différents.
We found the seismic noise level globally dropped by ~50% in March-May 2020. The seismic data correlate with mobility data (e.g. Google/Apple) showing that real-time seismology can be used to assess broad changes in human behaviour & lockdown dynamics, & without privacy issues. pic.twitter.com/yoPI0HysJB
— Stephen Hicks (@seismo_steve) July 23, 2020
Interrogé par Sciences et Avenir, Corentin Caudron, volcano-sismologue à l'Institut de Recherche pour le Développement (IRD) explique que les chercheurs ont «analysé 337 stations de partout dans le monde, dont 268 pour lesquelles les données étaient exploitables».
Parmi ces dernières, 185 ont fait état d'une réduction significative du bruit sismique d'origine humaine. Cela correspond à la quasi disparition, durant cette période, des déplacements en train ou en voiture, au ralentissement des machines industrielles, à l'arrêt du tourisme... etc.
Dans leur étude, les scientifiques indiquent que «la période de silence sismique de 2020 est la plus longue et la plus importante réduction du bruit sismique anthropique mondiale jamais enregistrée».
The sound of silence : le bruit #sismique d’origine humaine réduit de 50 % pendant le confinement ! C’est ce que révèle une étude internationale publiée dans la revue @ScienceMagazine à laquelle a participé @CoCaudron volcano-sismologue à l’IRD #Isterre https://t.co/WqkrZkxOWo pic.twitter.com/ge8NEFyuIJ
— IRD.fr (@ird_fr) July 24, 2020
Les baisses majeures ont été relevées par «les sismomètres de surface» dans les grandes villes telles que Pékin, Milan, New-York, Montréal ou Paris. Les établissements scolaires sont particulièrement concernés, avec un niveau de bruit sismique inférieur de 20% à celui observé pendant les vacances scolaires.
Mais ce silence sismique s'est également étendu au delà des pôles urbains, «sur plusieurs kilomètres radialement», vers des zones moins densément peuplées et à «des centaines de mètres de profondeur».
Les données relevées par les sismologues rendent compte de la succession des confinements, d'abord en Chine, puis en Europe et enfin ailleurs dans le monde.
Grâce à cette découverte, les chercheurs espèrent pouvoir identifier de nouveaux signaux annonciateurs de tremblements de terre ou d'éruptions volcaniques. Autant d'indices sonores jusqu'ici noyés dans le bruit sismique des activités humaines, que le confinement a fait taire.