La tension est de mise. Ce 1er juillet, Benjamin Netanyahou doit dévoiler le plan d'annexion d'une partie de la Cisjordanie dans le cadre de «l'accord de paix» souhaité par les Etats-Unis de Donald Trump. Un projet qui n'est pas accepté du côté de l'Autorité palestinienne.
En quoi consistent les annexions ?
Benjamin Netanyahou prévoit en priorité d'imposer la souveraineté de son gouvernement sur un maximum de colonies israéliennes en Cisjordanie. Pour ce faire, le plan américain autorisait Israël à s'emparer de 30% du territoire environ, qui avait été capturé en 1967 lors de la guerre des Six Jours. En tout, 450.000 colons israéliens habiteraient dans les régions touchées, ainsi que 300.000 Palestiniens. La vallée du Jourdain, convoitée depuis de longues années par Israël, pourrait aussi être annexée dans le processus.
Pourquoi Israël veut récupérer ces territoires ?
Benjamin Netanyahou à plusieurs objectifs dans la validation de ces annexions, à la fois sécuritaires, électorales et géopolitiques. Annexer les colonies était ainsi une promesse de campagne, qui lui a permis d'obtenir le soutien des élus ultra-orthodoxes et d'extrême droite israélienne, essentiel dans la crise politique qui l'aura vu obtenir un cinquième mandat de Premier ministre.
De plus, récupérer la vallée du Jourdain n'est pas une idée nouvelle, puisqu'elle est considérée par Israël comme un enjeu stratégique particulièrement important. En effet, cette région permettrait d'allonger la frontière avec la Jordanie ainsi que celle avec le Liban, ce qui améliorerait la défense du territoire israélien, selon les défenseurs du projet.
Qu'en pensent les Palestiniens ?
Avant même l'annonce par Donald Trump du plan sur la paix au Moyen-Orient, l'Autorité palestinienne s'est dite profondément opposée à toute proposition américaine sur le dossier. Le 22 juin, plusieurs milliers de manifestants se sont déplacés à Jéricho, de manière à demander l'annulation du plan. L'objectif était également d'attirer les yeux occidentaux, afin que ces derniers fassent pression sur Benjamin Netanyahou, à quelques jours du 1er juillet.
Quelles sont les réactions à l'étranger ?
L'inquiétude est de mise, que ce soit en Europe ou au Moyen-Orient. Beaucoup de voisins arabes craignent un déséquilibre de la région. Le roi Abdallah de Jordanie n'a pas hésité à menacer Israël de répercussions si jamais le plan allait à son terme. «Je ne veux pas proférer de menaces (...), mais nous considérons toutes les options», a-t-il ainsi déclaré au Der Spiegel, allant jusqu'à expliquer qu'un «conflit majeur» pouvait résulter des décisions israéliennes.
L'ONU est également entrée dans la danse, estimant que «l'annexion est illégale. Point final». Michelle Bachelet, Haut-Commissaire aux droits de l'Homme, a d'ailleurs demandé à Israël «d'écouter ses propres anciens hauts fonctionnaires et généraux, ainsi que les nombreuses voix dans le monde, l'avertissant de ne pas poursuivre sur cette voie dangereuse».
La France n'est pas en reste. Jean-Yves Le Drian, ministre des Affaires étrangères, a également mis en garde Benjamin Netanyahou de prendre des mesures, expliquant au Sénat qu'une «décision d'une telle gravité ne peut rester sans réponse». Parmi les possibles mesures, la reconnaissance d'un Etat palestinien. «À défaut de pouvoir relancer immédiatement des discussions de paix, notre objectif est de préserver les conditions d’une négociation future et la possibilité d’une solution négociée», a déclaré le ministre.