«Il est évident que nous n'avons pas le contrôle actuellement», a déploré ce mardi 30 juin le docteur Anthony Fauci, le conseiller de Donald Trump concernant la crise du coronavirus.
«Je ne serais pas surpris si nous atteignions 100.000 par jour si on ne renverse pas la tendance», a-t-il ajouté, alors que ce compteur affiche de l'ordre de 40.000 cas aujourd'hui – contre des pics aux environs de 30.000 au pire du printemps.
29 des 55 Etats et territoires américains voient aujourd'hui la courbe des nouveaux cas monter, a dit Robert Redfield. Les hospitalisations dues au coronavirus augmentent dans 12 Etats, selon lui.
Le candidat démocrate à la Maison Blanche Joe Biden a d'ailleurs déclaré ce mardi qu'il suivrait «les consignes du docteur» et n'organiserait pas de meetings électoraux à cause de la pandémie de Covid-19, contrairement à son rival Donald Trump.
Quatre médecins à la tête des grands organismes de santé américains avaient témoigné un peu plus tôt dans la journée devant des sénateurs stupéfaits de voir la courbe des cas repartir dans plus de la moitié des Etats-Unis, alors que l'Europe a réussi à prendre le contrôle du virus.
l'appel aux jeunes se sentant «invulnérables»
Le docteur Anthony Fauci, qui dirige l'Institut des maladies infectieuses, a déploré le «tout ou rien» pratiqué par nombre d'Américains : soit complètement confinés, soit «dans les bars, sans masques, sans éviter les foules, sans pratiquer la distanciation physique».
«Nous avons tous un rôle à jouer», a-t-il insisté en dénonçant les jeunes qui se sentent «invulnérables». «Une personne contaminée peut ne pas avoir de symptômes, mais elle peut contaminer quelqu'un d'autre», dit-il, comme une grand-mère ou un enfant atteint de leucémie.
Le directeur des Centres de prévention et de lutte contre les maladies (CDC), Robert Redfield, a lancé un appel aux «millennials» (nés après 1980) et à la génération Z, la suivante. «Je demande à ceux qui écoutent de passer le message», a-t-il dit.
Le masque, protection devenue politique
Le masque est non négociable, ont-ils répété. «Malheureusement, cette pratique simple pouvant sauver des vies se retrouve dans un débat politique selon lequel, si on soutient Trump, on ne porte pas de masque, mais si on est contre Trump, on en met un», a dit le sénateur Lamar Alexander, un républicain.
«C'est pourquoi j'ai proposé que le président porte un masque de temps en temps, même si ce n'est pas nécessaire pour lui la plupart du temps. Le président a beaucoup d'admirateurs, ils suivraient son exemple», a-t-il poursuivi.
Le contraste était saisissant mardi entre l'optimisme prodigué ces jours derniers par le vice-président de Donald Trump, Mike Pence, et l'analyse sombre de la résurgence actuellement observée dans le Sud et l'Ouest du pays.
Un déconfinement en pause
De plus en plus de villes et d'Etats ont décrété une pause dans leurs processus de réouverture, certains fermant bars et cinémas, d'autres les plages, tandis que porter un masque dans les espaces publics fermés est devenu obligatoire dans de multiples endroits.
La question de la rentrée des classes, d'ordinaire au mois d'août aux Etats-Unis, se pose aussi. L'Arizona, qui a un foyer très actif de contagions, l'a décalée de début août au 17 août.
Mais l'expérience de l'enseignement à distance ces derniers mois est universellement perçue comme négative pour les enfants, en particulier les plus défavorisés, avec des risques clairs de décrochage. Beaucoup militent pour une rentrée en personne pour la nouvelle année scolaire.
«Je crois fermement que nous devons faire tout le possible pour faire revenir nos enfants à l'école», a dit Anthony Fauci. Cela devra dépendre de la situation épidémique locale, a-t-il prévenu. En incitant les écoles à être créatives, pour par exemple élargir les horaires le matin et au soir, et intégrer une partie d'enseignement virtuel.
L'Académie américaine de pédiatrie a pris position la semaine dernière pour que la priorité soit donnée «à l'objectif de faire revenir les élèves physiquement à l'école».
Les études réalisées sur les enfants et le coronavirus ne sont pas définitives, mais plusieurs indiquent que les enfants sont moins infectés, tombent moins gravement malades et sont peut-être même moins contagieux que les adultes.