Stressés, enfermés, maltraités : une vidéo illustrant la violence du dressage des éléphanteaux destinés à être employés dans la lucrative industrie du tourisme en Thaïlande a été diffusée par des écologistes, qui exhortent à l'arrêt immédiat de ces pratiques.
Un éléphant n'obéit pas naturellement, il se soumet. Pour le dresser à des fins touristiques, le mahout (dompteur) utilise la technique du «phajaan» qui consiste à «briser son esprit».
Séparé de sa mère, soumis à un stress important, il est enfermé dans un étroit enclos, maintenu par des chaînes et des cordes, d'après ces images filmées en caméra cachée l'année dernière en Thaïlande et publiées mercredi par le groupe britannique de défense des animaux World Animal Protection (WAP).
La vidéo montre le mahout piquer le jeune pachyderme avec une tige surmontée d'une pointe aiguisée en métal pour lui faire comprendre les commandes de base, ce qui provoque parfois des saignements.
Distressing content EVERY ELEPHANT in captivity at tourist venues has gone through the 'crush’. This cruel industry is part of the global wildlife trade. #EndWildlifeTrade pic.twitter.com/sQSWQc0oOb
— World Animal Protection (@MoveTheWorld) June 24, 2020
«Le but est d'obtenir une domination complète grâce à des récompenses et des punitions. Il faut lui faire comprendre que désobéir est douloureux», explique à l'AFP Jan Schmidt-Burbach de la WAP qui déplore les nombreux «dommages physiques et psychologiques" infligés à l'animal.
Transporter des touristes sur leur dos, se baigner avec eux, exécuter des tours comme dans un cirque: quelque 3.000 éléphants sont habituellement employés dans l'industrie du tourisme en Thaïlande.
Mais les pachydermes sont au chômage depuis le verrouillage du pays pour cause de pandémie.
Plus d'un millier d'entre eux, menacés par la faim, ont fui les camps désertés pour regagner leur village natal, une vague migratoire d'une ampleur sans précédent sur une aussi courte période.
Les écologistes se prennent à espérer que cette crise soit mise à profit pour entamer une large réflexion sur la place de l'éléphant domestique dans le pays.
«Il faut absolument promouvoir davantage un tourisme fondé uniquement sur l'observation», relève Jan Schmidt-Burbach.
Le nombre d'éléphants en captivité a bondi de 30% en 30 ans et le secteur manque cruellement de régulation. Une fois domestiqué, l'animal est considéré comme du simple bétail d'après la loi thaïlandaise, à l'inverse des éléphants sauvages, protégés.