Trois membres autoproclamés du mouvement d'extrême droite «Boogaloo», qui promeut la guerre civile et la chute de la société américaine, ont été arrêtés le 30 mai dernier à Las Vegas (Nevada). Les suspects ont été inculpés quatre jours plus tard pour incitation à la violence lors de manifestations pacifiques déclenchées en réaction à la mort de George Floyd.
D'après les enquêteurs, les trois hommes voulaient mettre à profit ces rassemblements pour semer le désordre. Ils étaient notamment en possession d’un cocktail molotov, ont indiqué les services du procureur fédéral du Nevada, Nicholas Trutanich.
«Des acteurs violents ont détourné des manifestations pacifiques dans tout le pays, y compris le Nevada, exploitant la colère réelle et légitime suscitée par la mort de George Floyd au service de leurs visées extrémistes», a-t-il dénoncé dans un communiqué.
Picture of what investigators say they found in one of their vehicles.
FBI says they identify with the #Boogaloo movement. According to criminal complaint, it’s a term used by extremists to signify a coming civil war and/or fall of civilization (definition from @adl).— Vanessa_Murphy (@Vanessa_Murphy) June 3, 2020
Le 30 mai dernier, Stephen T. Parshall, 35 ans, Andrew Lynam, 23 ans, et William L. Loomis, 40 ans, avaient été interpellés à Las Vegas (Nevada), où ils résident, par une unité anti-terroriste chapeautée par le FBI, la police fédérale américaine.
Un cas loin d'être isolé car, selon les médias américains, des militants d’extrême droite, parfois lourdement armés, se sont infiltrés dans de nombreuses manifestations organisées depuis une semaine pour protester contre la mort de George Floyd et plus largement les violences policières et les discriminations raciales.
Chemises hawaïennes et danse des années 50
Beaucoup de ces militants se réclament du mouvement «Boogaloo» et ont adopté entre autres des chemises hawaïennes comme signe de reconnaissance.
Alors qu'il désignait une danse dans les années 1950, le Boogaloo a perdu sa définition initiale pour être repris par l’extrême droite américaine en tant que cri de ralliement pour appeler à la guerre civile, explique en France le site atlantico.
«Le terme Boogaloo est repris dans les milieux de l’Alt-Right comme étant un nom de code pour appeler au chaos généralisé afin de mettre à bas l’État fédéral [...] Le Boogaloo consiste à accélérer la chute du système en s’insérant dans tous les interstices existant pour amener la machine à dérailler. Lors des manifestations liées à la mort de George Floyd, l’idée est de tirer profit du chaos en les détournant de leur objet initial», explique notamment à altantico le politologue Jean-Yves Camus.
D'autres spécialistes de ces groupes, cités notamment par le Washington Post, s’interrogent sur le rôle qu’auraient pu jouer certains de ces militants dans le déclenchement des violences qui ont embrasé des dizaines de villes américaines ces jours derniers.