Les autorités turques ont ouvert une enquête jeudi après que des inconnus ont piraté le système d'appel à la prière à Izmir (ouest) pour diffuser le chant anti-fasciste italien «Bella Ciao» depuis les minarets de plusieurs mosquées de la ville.
L'hymne révolutionnaire a été diffusé par plusieurs mosquées mercredi après-midi, à l'heure de l'azzan, l'appel à la prière lancé cinq fois par jour. La séquence a été largement partagée sur les réseaux sociaux.
Turquie: la version turque de «Bella Ciao» chantée par Grup Yorum retentit partout à Izmir depuis les minarets des mosquées.
Le régime islamiste en PLS.pic.twitter.com/hafO0v4Kxa— Bahar Kimyongür (@Kimyongur) May 20, 2020
La division locale de Diyanet, l'Autorité turque des Affaires religieuse, a confirmé l'incident dans un communiqué diffusé mercredi soir sur son compte Twitter et annoncé avoir ouvert une enquête interne et déposé plainte auprès de la police.
enquête sur l'incident, mais aussi contre des personnes qui s'en sont félicités
«Bella Ciao» a été diffusé après que «des inconnus ont saboté et illégalement piraté le système d'appel à la prière», a précisé Diyanet. Le parquet d'Izmir a ouvert une enquête sur cet incident, mais aussi contre des usagers des réseaux sociaux soupçonnés de «dénigrement des valeurs religieuses» pour l'avoir applaudi, selon l'agence étatique Anadolu.
Bella Ciao coming out from a mosque in #Izmir
pic.twitter.com/nYUGwOnEkj— Riccardo Gasco (@RiccardoGasco) May 20, 2020
Izmir, troisième plus grande ville du pays, est un bastion laïque et fief du CHP, le principal parti d'opposition fondé par le père de la Turquie moderne Mustafa Kemal Atatürk.
Omer Celik, le porte-parole de l'AKP, le parti islamo-conservateur du président Recep Tayyip Erdogan, a «vigoureusement condamné» ce piratage, affirmant que «les auteurs de cet acte répugnant seront retrouvés». Les médias progouvernementaux ont également condamné ce piratage, le qualifiant de «scandale» et de «vile attaque contre les mosquées».
L'incident s'est produit en plein ramadan, le mois de jeûne musulman, et alors que les mosquées sont fermées depuis deux mois pour lutter contre la propagation du coronavirus en Turquie.