Une femme vice-présidente, comme une évidence ? Joe Biden a affirmé dès le 15 mars que son choix de colistier ne se tournerait pas vers un homme. Cette déclaration n'a pas surpris la plupart des analystes. En effet, cet homme âgé, blanc et riche va utiliser la vice-présidence pour amener de la diversité à sa candidature, et remonter dans les catégories de sondage où il est le plus bas. L'annonce pourrait se faire assez rapidement avec le retrait de Bernie Sanders dans la course à l'investiture démocrate.
Et dans cette optique, plusieurs noms se font entendre.
Stacey Abrams
Sa candidature au poste de vice-présidente semble si sérieuse qu'elle était évoquée tant chez Bernie Sanders que chez Joe Biden. Cette romancière a fait parler d'elle en 2018 lorsqu'elle est devenue la première afro-américaine à se présenter pour le poste de gouverneur de Géorgie. Elle a cependant échoué près du but en recueillant 48% des voix, contre 50,2% pour son adversaire républicain. À seulement 46 ans, issue d'une minorité et populaire, elle coche beaucoup de cases pour rejoindre le ticket de Joe Biden. Cependant, elle a peu d'expérience à Washington et n'a pas de mandat pour le moment, ce qui pourrait jouer en sa défaveur.
Kamala Harris
Après une campagne offensive, mais terminée prématurément faute de donations, l'ancienne procureure de Californie s'est engagée pour Joe Biden. Ce dernier a déjà assuré qu'il considérait son nom pour le poste de vice-présidente par le passé. Son historique de magistrate pourrait rassurer encore un peu plus un électorat démocrate qui souhaite une grande réforme de la justice, et sa campagne lui a fait gagner une stature encore plus nationale. Si elle, à la différence de Stacey Abrams, est actuellement élue au Sénat, ses passes d'armes avec Joe Biden sur des affaires raciales lors des débats démocrates n'ont pas été oubliées, et pourraient lui coûter le ticket.
Elizabeth Warren
Un lot de consolation pour Elizabeth Warren ? La sénatrice, qui a un temps été en tête des sondages de la primaire, n'a toujours pas annoncé son soutien pour l'un ou l'autre des candidats restants. Une manière de ne pas se fermer de porte en vue de la vice-présidence ? Naturellement plus proche politiquement de Bernie Sanders, elle n'avait pas apprécié que celui-ci l'accuse de mentir lors d'un débat télévisé. Elle pourrait alors se retourner vers Joe Biden et lui offrir une possibilité d'unifier les modérés et les progressistes dans une candidature conjointe. Cela pourrait tenter l'ancien vice-président, mais en tant que femme blanche et âgée (70 ans), elle apporte assez peu de diversité au ticket.
Amy Klobuchar
La sénatrice du Minnesota n'est certes pas issue d'une minorité, mais sa jeunesse et sa faculté à gagner des élections difficiles peuvent jouer en sa faveur. Après une campagne présidentielle réussie, qui aura duré plus longtemps que ce qui était prévu par les analystes, Amy Klobuchar a rejoint Joe Biden. Particulièrement douée en débat, elle a brillé pendant plusieurs affrontements, ce qui pourrait être utile lors du traditionnel débat vice-présidentiel. Modérée, elle est donc du même bord politique que Joe Biden, qui ne gagnerait pas grandement en termes de diversité politique.
The American people have faith in what we can achieve together. They have faith in electing a new President who will be prepared to tackle crises.
To do that we must unite and vote for @JoeBiden. pic.twitter.com/qZOVLM1u6X— Amy Klobuchar (@amyklobuchar) March 14, 2020
Gretchen Whitmer
Moins connue du grand public qu'Amy Klobuchar ou Elizabeth Warren, Gretchen Whitmer apparaît de plus en plus souvent dans les listes de candidates potentielles. Et son argument principal est de taille : elle peut gagner une élection dans le Michigan. De plus, contrairement à la Californie de Kamala Harris, cet Etat est très loin d'être gagné pour les démocrates. Le swing-state remporté par Donald Trump en 2016 pourrait même faire partie de ceux qui décident du sort de l'élection en 2020 selon les analystes. Cela ajouté au fait que cette gouverneure démocrate a été projetée sur le devant de la scène nationale avec l'épidémie de coronavirus, et son opposition frontale à Donald Trump, font qu'elle pourrait bien être un choix stratégique rentable pour Joe Biden. À 48 ans, son point faible majeur réside dans le fait qu'elle n'est pas issue d'une minorité comme certaines de ces collègues.
Michelle Lujan Grisham
Si Joe Biden a su convaincre l'électorat noir américain, il a beaucoup plus de difficulté avec les Hispaniques. Pour essayer de les toucher plus fortement, la nomination de Michelle Lujan Grisham est envisageable. Cette femme de 60 ans originaire du Nouveau-Mexique a été la première femme hispanique démocrate à remporter un poste de gouverneur. Politicienne expérimentée, elle connaît les rouages de Washington après avoir servi pendant six ans au Congrès. D'autant que pendant cette période, elle était à la tête du caucus hispanique, preuve de son importance dans cette communauté qui fait tant défaut à Joe Biden. Sa stature nationale dans le reste des communautés laisse cependant à désirer, et est clairement le point faible de son dossier.
Pas Alexandria Ocasio-Cortez
La popularité acquise par Alexandria Ocasio-Cortez est telle que beaucoup se demandaient si elle allait se présenter à la Maison Blanche dès 2020. Cela lui est cependant impossible car elle est trop jeune. Il faut atteindre les 35 ans le jour de l'investiture, hors la jeune représentante de New York n'en aura que 31. Et pour la vice-présidence donc ? La règle est la même, et pour une raison très simple : en cas de décès ou de démission du président américain, c'est le vice-président qui prend le pouvoir. Il ne peut donc pas être plus jeune que ce que requiert la Constitution. Pour voir «AOC» se présenter à une responsabilité aussi importante, il faudra donc attendre la prochaine élection présidentielle de 2024, si jamais elle le voulait.
Conclusion
La liste des femmes qui ont la stature et les qualités pour être vice-présidente est très longue. D'autres, qui n'ont pas été citées ici, pourraient également être envisagées, d'autant que par le passé, des surprises ont eu lieu lors de ce choix critique dans une candidature. Comme pour les candidats à la présidentielle, toutes possèdent également des points faibles, qui seront certainement exploités par l'équipe de Donald Trump pendant la campagne. Les prochaines semaines permettront d'en savoir plus sur cette décision déterminante.