Malgré la progression inquiétante de la pandémie de coronavirus au Brésil, Jair Bolsonaro a affirmé souhaiter que les compétitions de football reprennent rapidement.
«Il y a beaucoup de gens dans le football qui sont favorables à un retour parce que le chômage frappe aussi aux portes des clubs», a déclaré le président brésilien d'extrême droite, lors d'une interview à Radio Guaiba. «Les autorités du football m'ont contacté. Si cela dépend de mon vote, je les soutiens avec le soutien technique du ministère de la Santé, qui je pense sera favorable à la reprise des entraînements», a-t-il ajouté.
Et le président controversé - qui a longtemps qualifié le Covid-19 de «petite grippe» et s'oppose aux mesures de confinement - a un argument pour justifier sa position : «Les footballeurs, s'ils sont infectés par le virus, ont une petite chance de mourir. C'est dû à leur état physique, car ce sont des athlètes.» En effet, les sportifs professionnels, grâce à leur hygiène de vie, ne font pas partie des populations «à risque» face au Covid-19. Mais ils sont loin d'être invincibles.
Une étude réalisée récemment par des chercheurs italiens de Rome, Vérone et Berlin montre que, pendant un effort intense, les athlètes sont plus susceptibles d'inhaler des particules virales, qui se dirigent alors vers les zones les plus profondes des poumons, rendant l'action du coronavirus plus «agressive». En France, des cardiologues ont mis en garde les clubs de sport professionnels contre les risques de problèmes cardiaques et de mort subite liés au coronavirus, en cas de reprise d'une activité physique de façon trop brutale et intense.
Une reprise à huis clos étudiée
Lors d'une conférence de presse, le nouveau ministre de la Santé brésilien, Nelson Teich, nommé par Jair Bolsonaro mi-avril après le limogeage de son prédécesseur, avec qui le président avait de profondes divergences sur la gestion de la crise sanitaire, s'est lui aussi exprimé. Il a confirmé qu'il étudiait avec la fédération de football brésilienne une reprise des compétitions à huis clos, dont le championnat national, qui doit démarrer courant mai. Le voisin argentin a lui décidé d'annuler le reste de la saison 2019-2020, tout comme les Pays-Bas et la France, qui a déclaré le Paris Saint-Germain champion jeudi.
Jair Bolsonaro a tout de même reconnu que de nombreux joueurs pourraient être réticents à rejouer. Le directeur sportif du Sao Paulo FC et ancien joueur du PSG, Rai, a déclaré que son club s'opposait à la reprise du championnat en pleine pandémie. «Nous voulons reprendre en temps voulu, conformément aux recommandations, et progressivement», a-t-il déclaré à GloboEsporte. De son côté, l'ancien latéral du club parisien Dani Alves, aujourd'hui à Sao Paulo, a interpellé le président brésilien sur Instagram, l'appelant à prendre toute la mesure de la pandémie.
Le nombre de cas de Covid-19 et de morts dus au virus s'accélère en effet depuis plusieurs jours au Brésil. Le pays, le plus touché d'Amérique latine, déplore, en plus de 87.000 infections confirmées, quelque 6.000 décès, près de deux fois plus qu'il y a une semaine. Un bilan qui pourrait être largement sous-estimé selon les observateurs, selon qui la barre des 15.000 morts serait déjà atteinte et le nombre de cas 15 fois plus élevé. Et ce, alors que le pic de l'épidémie n'est prévu que d'ici à deux semaines.