De retour aux commandes du gouvernement britannique, Boris Johnson a appelé lundi à la patience face à la pandémie du nouveau coronavirus, assurant que s'en tenir pour l'instant à un strict confinement permettrait ensuite de l'assouplir progressivement.
Le Royaume-Uni, un des pays les plus touchés en Europe par la pandémie avec 21.092 morts au total dans ses hôpitaux, dont 82 soignants, et probablement des milliers de plus dans ses maisons de retraite, semble observer la décrue tant attendue, avec 360 décès de plus annoncés lundi, soit le plus faible bilan depuis fin mars.
«La tendance générale est à une baisse graduelle», a indiqué le chef des services sanitaires, Chris Whitty, lors d'une conférence de presse, même s'il s'attend à «un léger rebond» du nombre de décès durant la semaine, les bilans officiels marquant souvent une baisse après le week-end en raison de retards dans l'enregistrement des décès.
La tendance est aussi «plate ou en légère baisse en termes de nombre de cas positifs», qui s'élèvent à 157.149, a-t-il ajouté, soulignant qu'une personne contaminée infectait désormais en moyenne moins d'une autre personne.
De l'opposition aux milieux d'affaires en passant par les rangs de son Parti conservateur, la pression s'accentue donc sur Boris Johnson pour assouplir le confinement en place depuis le 23 mars, au moins jusqu'au 7 mai, avec des conséquences économiques et sociales dramatiques.
Sorti de convalescence un mois après avoir été testé positif au Covid-19 et deux semaines après sa sortie de l'hôpital, le Premier ministre de 55 ans a dit comprendre «l'impatience» des Britanniques.
«Nous commençons maintenant à inverser la tendance», a-t-il déclaré devant le 10 Downing Street. «Si ce virus était un assaillant, un agresseur inattendu et invisible, et je peux vous dire de ma propre expérience que c'en est un, ce serait le moment où nous avons commencé à le maîtriser au sol. (...) Mais c'est aussi un moment de risque maximum».
«Je refuse de gâcher les efforts et les sacrifices du peuple britannique et de risquer une deuxième épidémie majeure», a-t-il argumenté.
Se détachant du refus affiché jusqu'alors par les autorités de parler du déconfinement pour ne pas brouiller le message, Boris Johnson a toutefois promis des premières annonces «dans les jours à venir» et promis cela se ferait de manière «transparente» et en cherchant le consensus politique.
Une fois la décrue plus franche et le pays mieux préparé en termes de dépistage et d'équipements de protection, a-t-il assuré, il sera possible «d'affiner les restrictions économiques et sociales et de relancer un par un les moteurs de l'économie».
Gouvernement divisé
Hospitalisé pendant une semaine à Londres, Boris Johnson était en convalescence depuis le 12 avril dans la résidence gouvernementale de Chequers. Pendant son absence, son équipe a été la cible de nombreuses critiques sur sa gestion de la crise.
Selon le nouveau patron du Parti travailliste, Keir Starmer, le gouvernement a été «trop lent», à la fois pour décider le confinement, dépister la population et fournir des équipements de protection aux hôpitaux et maisons de retraite.
Outre le sujet sensible du déconfinement, Boris Johnson a d'autres défis à relever : atteindre les 100.000 dépistages quotidiens promis par son gouvernement d'ici la fin avril, et fournir des blouses médicales et des masques aux soignants qui en manquent cruellement. En outre, les négociations du Royaume-Uni avec l'Union européenne sur l'après-Brexit, retardées par le virus, patinent et se rapprochent dangereusement du point de non-retour.
Selon la presse, Boris Johnson retrouve un gouvernement divisé, certains poids lourds s'inquiétant des conséquences, sociales mais aussi sanitaires, d'un confinement trop strict sur la longueur. Certains magasins de bricolage ont commencé à rouvrir et plusieurs entreprises de construction ont annoncé un retour progressif de leurs activités.
Mais l'organisation patronale Institute of Directors a demandé lundi plus de clarté sur «quand et comment» les restrictions commenceront à être levées.
Face au marasme économique provoqué par la crise, le gouvernement a annoncé des mesures de soutien sans précédent, renforcées lundi avec des aides pour les très petites entreprises.