Les représentants des maisons de retraite au Royaume-Uni ont lancé mardi un cri d'alarme sur la situation de leurs établissements, dénonçant de nombreuses «morts silencieuses» provoquées par le nouveau coronavirus et ignorées des bilans officiels ainsi qu'un manque d'équipement.
Au Royaume-Uni, la pandémie a déjà causé plus de 11.000 décès à l'hôpital, l'un des pires bilans en Europe. Les statistiques annoncées quotidiennement par le ministère de la Santé ne comptent notamment pas les morts en maisons de retraites, faisant craindre un nombre de victimes bien plus lourd.
Les personnes âgées sont «abandonnées comme des agneaux à un massacre» a dénoncé mardi la baronne Ros Altmann, qui défend depuis des décennies les personnes âgées et vulnérables. Dans une tribune publiée par le Daily Mail, elle évoque des «morts silencieuses cachées».
Lors de la dernière conférence de presse quotidienne sur la pandémie, lundi, le conseiller médical du gouvernement britannique, Chris Witty, a estimé qu'environ 13,5% des maisons de retraites ont eu des cas.
Les professionnels inquiets
Selon des statistiques officielles publiées mardi, le Covid-19 avait fait 217 morts au 3 avril dans les maisons de retraites d'Angleterre et du Pays de Galles. Au total, selon cette source, la pandémie avait fait à cette date 6.235 morts, soit 15% de plus qu'enregistré à l'hôpital.
Les professionnels s'inquiètent d'un nombre de victimes atteignant depuis des proportions considérables, la fédération Care England ayant évoqué la semaine dernière un millier de morts.
Un dirigeant d'une société gérante, David Behan, a indiqué mardi sur la BBC qu'un tiers de son réseau avait été touché, recensant plus de 300 morts susceptibles d'être liées au nouveau coronavirus.
Dans une lettre envoyée lundi au ministre de la santé, plusieurs associations se sont alarmées de la situation.
«Nous avons un besoin urgent de tests et d'équipements de protection pour les maisons de retraite» ont-elles demandé. Elles décrivent des personnes âgées auxquelles l'on demande de ne pas se rendre à l'hôpital et qui «sont coupées de leurs familles, au moment ou elles en ont le plus besoin».
Une étude réalisée dans cinq pays, Royaume-Uni non inclus, indique que près de la moitié des victimes du virus se trouvent dans les maisons de retraite.
Selon des données recueillies par une équipe de la London School of Economics dans cinq pays européens (l'Italie, l'Espagne, l'Irlande, la Belgique et la France), entre 42 et 57% de l'ensemble des décès liés au virus concernaient des résidents de maisons de retraite.